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Nouvelle histoire de Roquebillière

 

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GILI Eric[1]

Le village de Roquebillière apparaît pour la première fois dans les sources écrites en 1147 [2], sous l’appellation de Rocabellera. Après avoir beaucoup glosé sur le nom du site (avec la francisation de la « Roche aux Abeilles »), une correspondance peut être faite avec l’ensemble des lieux de proximité : Belvédère et La Bollène, dont le vocable est suffisamment proche pour que l’on y porte attention. La proximité de ces appellations démontre la présence d’un espace cohérent dans le cœur de la vallée, qui s’identifie par opposition à ceux de Lantosque et de Saint-Martin. Un particularisme que les rares sources croisées mettent en évidence.

 

Mais l’histoire du site, sans que l’on puisse peut-être parler de village, est bien plus ancienne. Pour en expliquer l’appellation (Abilhiera), il faut sans doute faire appel à la racine pré-indo-européenne B.L. [3] déterminant une position particulière du lieu par rapport à la roche éponyme. De fait, cette caractéristique se retrouve dans toute la Vésubie, prouvant une organisation antérieure aux Romains. D’autres indices nous incitent à accepter cette hypothèse : les noms de Lantosque, de Gordolasque, de Pélasque, de Nautès, Nanduébis… mais aussi les récents résultats des sondages archéologiques menés par le Centre d’Etudes du Musée des Traditions Vésubiennes autour de l’espace de l’ancienne chapelle Saint-Nicolas [4]. Un certain nombre de tessons retrouvés correspondent vraisemblablement à une époque antérieure à la romanisation de notre région, et plus sûrement encore à une population peu ou pas romanisée que nous retrouvons encore au IIème siècle de notre ère.

 

Par comparaison avec les quelques sources dont nous disposons sur Roquebillière, il semble que ces éléments puissent être identifiés de manière similaire. Une seule mention archéologique reconnue nous permet d’affirmer cette présence dès l’époque pré-romaine [5], avec ce qui est alors appelé « Proto-historique ». Malheureusement, la disparition du matériel (les tessons) ne nous permet pas aujourd’hui de confirmer cette hypothèse, alors que nous en aurions les moyens d’analyse et les éléments de comparaison nécessaires. Nous avons donc la certitude qu’il existe une forte occupation humaine dans notre espace Centre-Vésubie dès l’Antiquité, et qu’elle procède par une solution de continuité jusqu’aux temps médiévaux.

 

Revenons donc à la période historique. Nous avons maintenant la certitude, après l’étude d’urbanisme qu’ont mené les élèves de l’Atelier du Patrimoine, que le village médiéval n’est pas à l’emplacement du Vieux village. La légende locale, rappelant les multiples déplacement de son site [6] nous apprend qu’il se trouvait sans doute à proximité du site du Caïre del Mel. De fait, quelques personnes ont bien voulu nous indiquer dans son voisinage les traces de ce qu’elles appellent « le village ancien », une nouvelle fois renforcées par la présence du toponyme explicite de « Ville Vieille » (présent dans le vieux cadastre Napoléonien de 1873). Un relevé et une projection étudiée seraient nécessaires pour confirmer cette hypothèse vraisemblable. Ils restent à réaliser.

 

De ce village, même si l’emplacement semble certain, il ne nous est connu ni la configuration, ni l’extension réelle. Pourtant, au XIIème siècle [7], nous pouvons préciser les revenus qui en sont tirés par l’Eglise, et plus précisément par l’évêque de Nice : 9 deniers pour Gordolon, contre 6 pour Saint-Michel du Gast (on ne parle pas de Roquebillière dans ce document). Par comparaison, Venanson en paie 4 ½, Saint-Martin, Belvédère et La Bollène 9, contre 18 pour Lantosque. En présentant Saint-Michel, le document nous apprend que les Hospitaliers sont déjà installés dans l’espace Centre-Vésubie. L’Ordre des moines soldats s’y implante à la suite de la restauration du pouvoir comtal, comme le souligne J.C. POTEUR. Le lien avec les guerres de « reconquête » engagées par le comte de Provence contre les consulats alpins semble évident [8]. Ils possèdent alors l’église, qui pourrait se trouver sur l’emplacement de Saint-Michel, comme semble le montrer J. P. BOYER dans sa thèse [9].

 

Au XIIIème siècle, on parle d’un castrum de Roquebillière [10]. Un château y est alors élevé, ce que confirment les enquêtes du Comte de Provence angevin. Roquebillière doit 4 livres d’Albergue (le droit d’hébergement du Comte) et autant de Cavalcade (participation aux frais de guerre). Ces coûts sont déjà transformés en une sorte d’impôt. Quelques décennies auparavant, le Comte n’hésitait pas à les faire valoir, s’appliquant à les utiliser, profitant de l’hospitalité obligée de ses sujets. C’est pour éviter ces dépenses souvent exorbitantes pour les communautés que nombre d’entres-elles préfèrent payer un impôt forfaitaire en remplacement. D’autant plus acceptable que nos villages se situent dans la zone périphérique du Comté, les Terres Neuves de Provence.

 

Au XIVème siècle, au terme de son existence, la communauté de Gordolon verse 10 florins à l’évêque de Nice, alors que Roquebillière paie encore 4 florins de taxes synodales, mais est identifiée par rapport au Gastum Saint-Michel, qui en paie pourtant 6. Il est délicat d’interpréter ces chiffres, quand la base de l’imposition nous reste inconnue. Si l’on admet un certain rapport de proportionnalité, Roquebillière ne semble pas être très puissante dans cet espace. En élargissant la comparaison, nous pouvons noter que Venanson et Belvédère paient 6 florins, 10 pour la Madone de Fenestres, et 5 pour La Bollène. C’est pourtant cette communauté qui survivra à ses voisines, en rassemblant l’essentiel des territoires de Gordolon et la totalité du Gast. Dans ces trois lieux ont très bien pu coexister trois édifices religieux, dont deux nous sont encore totalement inconnus.

 

Le nom même de Gordolon attire également notre attention, par sa consonance antique, à rapprocher de Gordolasque… Du village dont nous venons de citer le souvenir, il ne reste rien, sinon une chapelle en ruines que nous identifions à un édifice du XVIIème siècle, du temps où ce territoire appartenait à la commende de l’évêque de Nice. Notre-Dame de Gordolon lui échoit dès le XIVème siècle [11], quand disparaît définitivement le village, et ce, jusqu’à la Révolution, offrant d’importants revenus à un prieur. Les ruines de la chapelle sont aujourd’hui propriété à la fois privée dans une sorte de co-propriété reconnue entre les voisins, qui y possèdent tous un droit. Nous pouvons imaginer que cette collectivité est née lors de la vente des Biens Nationaux, à la fin du XVIIIème siècle, ce qu’il serait intéressant de prouver. Le site du village ancien n’est pas localisé. Peut être la route départementale l’a-t-elle traversé. Nous identifions pourtant un site archéologique repéré [12] à proximité des ruines. Un mur maçonné, à parements irréguliers mais aux assises intéressantes, élevé en moellons visiblement réemployés, pourrait être le dernier vestige d’un édifice plus ancien [13]. Reste à savoir où se situe la nécropole du lieu, qui identifierait définitivement l’église médiévale. Par contre, nous ne croyons pas que le tremblement de terre du XVIème siècle ait pu recouvrir le village ancien, ce que la topographie locale interdit sur un site d’extrémité de plateau. Il semble donc important de retrouver les traces furtives et fragiles de l’ancien village, et d’informer les riverains de la richesse historique et archéologique de leur quartier. Rappelons enfin que l’entente de tous peut seule permettre de faciliter la recherche, tout en respectant la règle de la propriété et le désir de tranquillité de chacun. De plus, la connaissance de notre passé reste un devoir civique auquel chacun peut contribuer très simplement et en tirer la satisfaction d’avoir œuvré à la découverte d’une réalité disparue qui aurait pu l’être définitivement.

 

Comme exemple, nous aimerions citer M. Léopold TONSO, qui nous a fait part d’une de ses connaissances, en nous montrant un rocher hiératique gravé très intéressant. Nous y retrouvons deux croix tréflées, de bonne facture, visiblement taillées avec un outil métallique. Il s’agit vraisemblablement d’une marque de limite. Rive droite, au débouché d’un vallon, et face à la Gordolasque, nous proposons qu’il s’agisse d’une borne marquant l’ancienne commende de Gordolon. Mais aucun document connu n’en fait mention, et elle ne pourra être retenue comme hypothèse qu’après avoir retrouvé d’autres bornes-rochers du même type, qui ne manqueraient pas de signifier les autres termes du territoire considéré. Une nouvelle fois, remercions M. TONSO dont la gentillesse et la curiosité a fait avancer l’ensemble des recherches vésubiennes.

 

Le château de Roquebillière existe encore au XVIème siècle [14], alors que la famille des Grimaldi de Beuil l’acquiert, avec celui de Belvédère. C’est d’ailleurs de cette particularité défensive (la possession d’un château) que vient l’adjonction du nom de « Roche » ou « Roc », préfixe du vieux vocable d’Abilhiera, renforcé dans notre cas par la présence du toponyme explicite de Castel Vieil [15].

 

Le sommet du Caïre del Mel, espace réduit, est généralement signalé comme le site du « Château » de Roquebillière. Il s’agit d’une hypothèse séduisante, surtout si l’on s’attache à voir la présence d’une muraille dans la structure maçonnée présente qui coupe de bout en bout l’accès. Mais dans un cas contraire, comment expliquer cette construction, la présence d’un liant de mortier de chaux, et, même en l’absence de véritables assises, avec un parement très irrégulier, d’un mur d’une épaisseur homogène de 80 cm. Il ne s’agit pas d’une quelconque structure dont la destination pourrait être liée aux activités de l’élevage, mais bien, selon nous, d’une édification à caractère défensif. Il faut alors sans doute revoir le terme de « château », proposé par les textes, pour ne lui attribuer qu’une définition plus proche d’une modeste tour de défense-surveillance, sans doute tardive (fin XIVème – XVème siècle). Une fois de plus, il est impossible de considérer uniquement le site de Roquebillière sans le relier à celui de ses voisins immédiats, ce qui permettrait d’expliquer un espace. Une prospection archéologique s’impose sans doute pour approfondir nos connaissances sur ce lieu.

 

La légende récurrente des Templiers reste attachée au lieu de Roquebillière et tout particulièrement à son ancienne église, Saint-Michel. Il faut sans doute y voir une assimilation des deux ordres des moines militaires Hospitaliers et Templiers [16], comme ailleurs dans la Vésubie (pensons à la Madone de Fenestres et à Saint-Martin). Mais une autre légende rappelle le temps de la première Christianisation, celle du Martyr de saint Julien, patron de la Commune, qu’il condamne pourtant à être détruite Sept fois... [17] Une chapelle lui est dédiée, sur le plateau formant une péninsule entre Gordolasque (rive droite) et Vésubie (rive gauche). Elle revêt une importance certaine aux yeux des Roquebilliérois mais aussi et surtout pour l’histoire de l’espace Centre-Vésubie.

 

Le bâtiment a connu de multiples remaniements. Nous pouvons encore en distinguer au moins trois : Sa façade a été fermée, sans doute au même moment que toutes les chapelles de notre région jusqu’alors largement ouvertes par une voûte et un treillis de bois, vers la fin du XVIIIème siècle. C’est l’époque où est créée la porte centrale entourée des deux fenestrons portant sur leur partie extérieure supportée par les bases de la voûte. Un second remaniement est inscrit dans la façade Est, où l’on distingue très nettement un rajout vers le Nord, qui surpasse un chaînage ancien de belle composition. Dans sa partie méridionale, le bâtiment possède quelques assises de belle facture qui pourraient dater de la fin du Moyen Age. Enfin, l’extension Nord a été réduite par le père de M. Antoine MORES [18] qui nous a rapporté l’information. L’importance du bâtiment que nous appellerons « Renaissance » (XVème – XVIème siècle) mériterait que l’on s’y attache plus directement, afin de préciser ses caractéristiques.

 

Une dernière information est d’importance. La légende, corroborée par quelques faits historiques, laisse supposer que l’édifice ne fut pas toujours une chapelle. « On » raconte que Saint-Julien abrite encore les restes des soldats morts durant les guerres du XVIIIème siècle, de la Révolution Française (c’est de son plateau que sont partis les envahisseurs Français qui attaquèrent Belvédère), ainsi que les habitants décédés lors d’une épidémie de Typhus indatable. Selon nos propositions, nous pourrions y voir un espace utilisé avant ou parallèlement au premier village, et peut être, par extension, une église du premier réseau paroissial ou une reprise d’un site antique romanisé. Mais il ne s’agit là que de pures spéculations.

 

Revenons à l’église de Saint-Michel. Il s’agit de l’un des rares exemples de l’architecture gothique dans les Alpes Maritimes, et sûrement du Patrimoine religieux le plus spectaculaire de notre vallée, avec Saint-Véran d’Utelle. Le nom de saint Michel de Gast provient du plateau situé au-dessus de l’édifice, le Plan-Gast. Ce toponyme est très nettement lié à l’exploitation agricole pratiquée à l’époque médiévale. Le Plan rappelle sa topographie, un espace de plateau, mais aussi sa position, puisqu’il s’agit, par comparaison avec la structure toponymique des autres villages de la vallée, d’un espace immédiatement au pied du village médiéval. Ce qui renforce notre tentative de localisation. Le Gast est plus problématique. Il s’agit d’un terroir, bien identifié, mais qui fut vraisemblablement abandonné lors d’une période de faible population, qui réapparaît lorsque celle-ci se met à croître pour obliger une reprise d’exploitation, mobilisant une importante force de travail désormais présente. Il s’agit d’une réserve foncière agricole, et, par extension, nous pouvons y voir la terre seigneuriale des XIIème-XIIIème siècles. Ce que nous appellerions ailleurs une Condamine si elle avait été partagée. Ce qui ne semble pas le cas à Abilhiera.

 

La première apparition de l’église dans les archives date, comme nous l’avons déjà rappelé, de 1141, lors de sa concession par l’évêque de Nice, Pierre Ier, à l’ordre des Hospitaliers. Elle existe donc déjà, est synonyme de revenus (les dîmes). La légende, qui ne s’appuie malheureusement pour nous sur aucun document écrit, parle d’une première église existant en 568. La précision de cette date est surprenante. Elle en ferait l’un des tout premiers édifices connus de notre région, juste après l’église paléochrétienne de Cemenelum (Cimiez au IVème siècle [19]) alors détruite, et après le monastère fortifié des Iles de Lérins (Saint-Honorat au début du Vème siècle).

 

Plusieurs fois transformée, c’est à la fin du XVème siècle que le prieur Monet ROGIERI décide de sa reconstruction. L’église actuelle fut achevée en 1533, comme il est indiqué sur la clé de voûte [20]. Elle reprend visiblement un certain nombre de pièces appartenant aux édifices antérieurs. Une étude minutieuse de l’ensemble, de ses abords et de ses soubassements permettrait sans doute d’en préciser les éléments de datation.

 

Le Vieux Village de Roquebillière s’installa vraisemblablement sur son emplacement vers cette période, quand fut décidée la reconstruction de Saint-Michel. Du peu que nous puissions aujourd’hui retrouver sur le terrain, rien ne transparaît d’une éventuelle construction médiévale. Plus encore, l’étude à partir du vieux plan cadastral souligne la présence d’une structure urbanistique comparable à celle des autres villages, organisée à partir d’un jeu de rues principales et de places : retrouvant la Rue Droite, principale artère du Vieux Village, nous pouvons identifier l’espace d’origine de son installation, à proximité immédiate du vallon de la Rouinas, à partir d’un petit replat de la pente. En suivant cette voie sur le vieux cadastre, nous nous trouvons confrontés à un premier problème. Notre Rue est coupée après cinquante mètres par une maison, marquant ainsi la limite méridionale du premier « Vieux Village », et son extension « Moderne » que nous pouvons dater des XVIIème-XVIIIème siècles. Ici encore, nous retrouvons la Rue du Planet, élément micro-toponymique caractéristique immédiatement placé sous la muraille. Enfin, la présence de la Place Neuve nous donne l’extension Ouest extrême du village. Ainsi pouvons nous reconstituer plusieurs espaces dans le Vieux Village, entre le XVIème siècle, les XVIIème-XVIIIème siècles, puis au XIXème siècle, quand apparaît la « nouvelle » Mairie puis que le village s’étend le long de la nouvelle voie, bientôt desservie par le tramway.

 

L’édifice essentiel du Vieux Village d’aujourd’hui est la chapelle des Pénitents blancs. Il s’agit visiblement de la seule confrérie de Pénitents du village, comme le démontrent les documents d’archives [21]. Cette confrérie d’entraide fut vraisemblablement intéressée par le commerce transalpin, entre Nice et le Piémont, ce qui pourrait expliquer la magnificence de l’édifice alors construit.

Son étude « architecturale » a été menée par nos élèves, grâce à l’intervention d’un architecte, M. François-Bernard DUGEAY, mais également avec l’apport profitable de Mme Frédérique TROULHAT, géomètre.

 

L’analyse du bâtiment nous a révélée de nombreuses indications, avec la présence de nombreux accès, au moins quatre, qui ont dû servir à des périodes différentes. La porte actuelle, même « datée » (fin XIXème siècle), n’est qu’une indication fortuite, le linteau lui-même semblant rajouté. Les accès antérieurs se trouvaient sur les autres façades : à l’Est, où nous retrouvons une porte dans l’axe de l’abside, mais peut-être et surtout au Nord, où s’élevait vraisemblablement un porche, aujourd’hui fermé, dont la structure mériterait d’être révélée. Espérons qu’une réhabilitation future pourra nous apporter les éléments d’analyses qui nous font défaut aujourd’hui. La date portée à l’ouest de la porte actuelle, 1610, ne nous donne qu’une indication incomplète, que l’on peut néanmoins rapprocher de celle, contestée, se trouvant sur l’une des pierres de chaînage de Saint-Michel, à une hauteur inaccoutumée (environ 1 m du sol) : 1666.  Cette correspondance ferait de ces deux éléments des constructions presque contemporaines, d’autant plus que le clocher des Blancs est bien plus tardif. Il n’en reste pas moins que l’édifice est composite. En première analyse, il n’est pas orienté, et il est effectivement difficile, aux vues de nos théories urbanistiques, de supposer un édifice de la Renaissance. Les archives nous parlent d’une intention de construction en 1572 [22], sans que nous puissions dire si elle a alors été réalisée. Par contre, début XVIIème siècle, nous savons que la chapelle est fonctionnelle. Son abside ronde, qui fut surélevée, se présente comme une première particularité, renforcée par la présence du clocher XIXème siècle (entre 1810 et 1812), surmonté du bulbe « Génois » qui en renforce l’image. Dans sa conception, l’élément baroque reste omniprésent.

 

Nous n’avons pu visiter l’intérieur de l’édifice, par mesure de sécurité pour nos élèves. Par contre, une précédente visite, guidée par M. Serge GIORDANO, dans le cadre du Centre d'Etudes Vésubiennes, nous avait permis de relever des éléments confortant cette hypothèse stylistique de la fin de la période Baroque. L’absence évidente du décor, heureusement réuni pour ce qui concerne l’iconographie et la statuaire dans l’église Saint-Michel, grâce à l’œuvre salvatrice de personnes passionnées, manque à l’analyse. Ici encore, une étude plus approfondie, à partir d’une recomposition numérique par exemple, serait intéressante à proposer.

 

Plus loin sur le sentier menant à Saint-Julien, ancien chemin muletier principal de cette région, et sans doute système de communication encore plus important dans des temps antiques, nous avons retrouvé avec nos élèves deux chapelles de proximité. Toutes deux sont présentes sur le vieux cadastre de la fin du XIXème siècle. Une première, dont les mentions historiques et le vocable (Sainte-Anne ?) nous échappent, aux formes arrondies, mais de conception récente, peut être datée du début XXème siècle. Une seconde, plus éloignée, Saint-Roch, dont la structure est plus conforme à un édifice ancien, répond à son vocable. Elle est grossièrement orientée. En considérant sa façade, nous constatons qu’elle fut fermée tardivement, peut être à la fin du XVIIIème siècle, quand la mode l’imposa. Enfin, une voûte, dont il faudrait vérifier la composition, soutient l’ensemble. Tous ces éléments nous semblent indiquer une antériorité certaine, vraisemblablement vers la fin du Moyen Age ou le début des Temps Modernes (chapelle « Renaissance »). C’est également à cette époque que s’impose le vocable de saint Roch dans d’autres villages [23]. L’édifice a fait l’objet d’un relevé architectural de la part de nos élèves. Nous espérons nous attacher à son étude plus approfondie pour les années 2001-2002.

Enfin, nous avons noté la présence d’une dernière chapelle, disparue aujourd’hui comme à la fin du siècle dernier, au nord du village, formant le contre-point de Saint-Roch, sur la route qui poursuit vers le haut de la vallée : Saint-Sébastien [24]. Un quartier et un hôtel en rappellent la présence. Elle est à rattacher à la ceinture protectrice spirituelle du village commune à toutes agglomérations.

 

Sur la rive droite de la Vésubie, s’étend le quartier industriel : la Bourgade. Son implantation ne s’entend que par la présence du Vieux Village d’aujourd’hui. Nous ne pouvons l’imaginer dans cette extension avec le village médiéval, qui devait posséder son propre équipement à proximité de son emplacement, et pourtant nous y connaissons l’église dès le XIVème siècle. Nous y retrouvons une structure proto-industrielle complète : moulins à grains et à huile (et pourquoi pas à noix ?), martinets de forge, scierie, et plus tard usine électrique. La quadrilogie est respectée. Une de ses particularités tient à l’extrême concentration de ces structures. Par contre, nous retrouvons l’utilisation concomitante des roues à aube (moulin à huile), à auge (forges) et des rodets (moulins à grain) servant à lancer les engrenages et les différentes meules ou systèmes.

 

Les moulins ont longtemps été possédés par le pouvoir seigneurial, qu’il soit ici temporel ou ecclésiastique. Ils finissent par devenir propriété de la Commune en 1430 [25], quand le duc de Savoie les cède aux habitants, dans une volonté de se lier les populations de ses terres au détriment des grands seigneurs trop prompts à rechercher leur indépendance (ce fut le cas pour les seigneurs castraux de Roquebillière, les Grimaldi de Beuil, dont la fin dramatique est connue de tous).

 

Une des richesses patrimoniales de Roquebillière est de posséder encore un martinet de forge en état de fonctionner, ou peu s’en faut, très rare dans les Alpes-Maritimes. Reprenons l’analyse proposée par Mlle Christelle LAURENTI dans notre collaboration pour les éditions Flohics [26] : « Il s’agit d’un moulin à force hydraulique, dont l’arbre, muni de six cames, actionne un lourd marteau planté à l’extrémité d’une poutre ou d’un tronc. L’eau arrive sur la roue, d’un diamètre de 1,50 m, par un beal (un canal) très incliné, alimenté par une vanne, elle-même commandée de l’intérieur de la forge. L’arbre, long de 5,50 m, d’un diamètre de 0,45 m, porte six cames d’acier, qui font pivoter le marteau long de 3 m. Seul le bâtiment subsiste, le mécanisme et la roue ont disparu, le canal de fuite a été comblé [mais il serait simple d’y remédier]. Le martinet est mentionné en 1813 dans un document qui en recense 17 dans le département. On peut le supposer beaucoup plus ancien, car il est d’un modèle déjà utilisé au XIème siècle [27]. En 1790, un martinet et une scierie sont vendus à un particulier [28] ».

 

La structure urbaine du village, aujourd’hui disparue, peut se retrouver, en filigrane, dans l’organisation du Nouveau Village, pensé et construit à partir des années 1930 [29]. Mais qui à cette époque pouvait encore avoir conscience du véritable « nomadisme » de Roquebillière à travers l’histoire et aux différentes époques. Seule la légende le rappelait avec force et intérêt.

 

Enfin, quand il s’agit de retrouver l’histoire de Roquebillière, comment ne pas parler du site de Berthemont. L’apport de M. DEBERDT a été pour nous fondamental. Nous ouvrant à sa profonde connaissance du lieu, nous avons pu les mettre en relation avec celles que nous avions jusqu’alors collecté. Tout d’abord en rappelant la légende qui tient lieu de mythe fondateur du lieu : l’impératrice Cornélia Salonine serait venue prendre les eaux à Berthemont [30]. En fait, même en rappelant les pseudo-écrits d’un chroniqueur antique, Paulus Orosius, auteur des Annales de Gallien et dont nous n’avons pu retrouver la source, une seule référence rappelle cet épisode, la grandiose Storia delle Alpi Maritime de l’Abbé GIOFFREDO, au XVIIème siècle. Le Musée archéologique de Cimiez [31] nous a permis de retrouver la stèle citée par GIOFFREDO et que nous considérons pour lors comme la source unique de cette légende. L’inscription « témoigne des honneurs rendus à l’impératrice … par le sénat municipal » : A cornelia Salonina, sancissime, Auguste, épouse de Gallien, notre jeune Auguste, le sénat de Cemenelum (éleva ce monument) par les soins d’Aurelius Ianuarius, homme excellent. En cherchant à confirmer la vision antique du site, nous nous référons parallèlement aux écrits des érudits du siècle dernier, en rappelant ceux de Lazare RAIBERTI, qui y voit, dans sa proximité immédiate une implantation comparable à celle que nous connaissons aujourd’hui sur Saint-Nicolas d’Andobio. En y joignant la configuration toute particulière du terrain, véritable zone de transition entre les espaces identifiés de la Vésubie, à laquelle s’ajoute la présence de la chapelle de la Madone de Berthemont, le plateau apparaît comme un véritable site, occupé dès l’Antiquité et ce jusqu’au Moyen Age, avec une solution de continuité évidente. Zone de conflits pendant tout le haut Moyen Age et jusqu’aux alentours de l’An Mil, le plateau fut tour à tour convoité par les communautés avoisinantes, et fini par échoir à Roquebillière, « par échange » dit-on, avec un autre espace comparable, à proximité de Saint-Julien, le Veseou. Nous proposons d’y voir, avec le renforcement du pouvoir des Communautés à partir du XIIème-XIIIème siècle (le « Temps des Consulats »), l’enjeu de l’extension programmée et de l’affirmation communale. Zone de frictions, nous connaissons encore un de ces affrontements, relaté par J.P. BOYER dans sa thèse [32], entre Saint-Martin et Roquebillière, ayant donné lieu à une véritable petite guerre locale, où tous les symboles des appropriations successives de l’espace et de ses composantes s’exprimèrent. Le site en est celui de la Penea (Pinio ou Peneta que nous connaissons ?). Comment ne pas voir entre ces éléments des preuves supplémentaires d’une implantation plus ancienne, à laquelle se rattachaient les nécessités de l’expansion économique et territoriale du village.

 

Revenons à Berthemont. Il paraît évident, en comparaison avec les autres sites repérés dans la vallée, que le plateau fut le lieu d’une implantation pré-romaine, puisqu’il fut l’objet d’une romanisation, même imparfaite, comme cela semble le cas dans tout le Haut Pays. Aux alentours de l’An Mil, nous proposons comme hypothèse de travail qu’il y ait eu une véritable communauté installée, selon le modèle précédent celui de l’incastellamento, ou création des villages à partir des castrum repérés dans les documents ultérieurs. C’est à cette époque que se rattache vraisemblablement la Madone de Berthemont. La chapelle actuelle est un vaste édifice aux caractéristiques pré-modernes. Nous ne pouvons pourtant affirmer sa « médiévalité », par manque d’informations analytiques du bâti – pas d’orientation, façade fermée elle aussi tardivement, parements invisibles, mais aussi présence d’un vaste porche….

 

Par contre, son importance, tant physique que spirituelle (rappelons le chapitre la concernant écrit par Mlle Christelle LAURENTI « Pendant l’épidémie de Peste de 1764 [33], les habitants, pris de panique, s’adressèrent à la Municipalité : des processions à la Madone de Berthemont furent alors décidées, en portant les reliques de saint Gaudens, de saint Julien et de la Vierge du Rosaire. La Madone de Berthemont fut le lieu d’une procession des habitants de Roquebillière, qui implorèrent sa miséricorde en lui apportant douze chandelles de six onces ».

 

Le modèle est connu. La chapelle des rogations, à laquelle on s’adresse en cas de malheur éminent, lieu de processions votives… autant d’éléments qui en font un lieu supérieur à beaucoup d’autres, rappelant un temps et des relations oubliés. Cette idée est renforcée par la présence potentielle d’une nécropole à proximité. Il ne s’agirait donc plus d’une simple chapelle champêtre, mais bien d’une ancienne église paroissiale oubliée, supplantée par l’importance de Saint-Michel et de Saint-Julien, d’un territoire englobé dans celui d’une communauté plus forte [34]. Nous serions donc en présence d’un territoire, dont les pourtours restent à définir avec précision, mais dont l’origine antique serait avérée, et sa continuité historique certaine jusqu’au moins au XIème-XIIème siècles.

 

Reste à considérer la présence des sources d’eau chaude, qui n’auront sûrement pas échappé, dans tous les cas de figures, à nos ancêtres. Si nous nous rappelons qu’elles sont généralement objets de cultes aux temps pré-romains (celtes ou ligures, quelqu’en soit l’appellation), comment ne pas y voir ici aussi une continuité certaine, reprise par la christianisation qui y impose la présence forte de la Vierge, généralement mise en rapport avec les croyances des eaux et des altitudes.

Rappelons que les « thermes » (si l’on peut alors les appeler comme cela), auraient été détruits par le fameux tremblement de terre de 1564, l’histoire nous apprend qu’ils furent de nouveau « restaurés en 1663 grâce à Madame Royale, Christine de France » [35]. C’est sans doute cette dernière structure qu’il serait intéressant de retrouver sur le terrain. M. DEBERDT nous propose de la retrouver à proximité des deux principales sources, Saint-Julien et Saint-Jean-Baptiste. Il serait enfin intéressant de retrouver les premières mentions de l’appellation de ces sources « sanctifiées » par leur dénomination, qui offre un rapport certain avec l’histoire de notre village.

 

L’établissement thermal connait un renouveau certain à la fin du XIXème siècle, grâce à l’initiative de quelques personnes d’heureuse mémoire : Pierre CARDON, Charles BERGONDI. Mais ces lieux nécessitent de plus amples recherches, et sans doute la mise en place d’un véritable programme d’études pluridisciplinaires.

 

Concluons en rappelant l’importance historique et surtout archéologique de l’espace centre-vésubien, relevant certainement d’époques et de dominations très diverses. Cette étude succincte n’est qu’un tableau rapidement brossé, laissant ouvertes de très nombreuses voies d’analyses, rendues seulement possible par la comparaison et l’application de différentes méthodes. C’est ce que nous nous proposerons de réaliser dans un terme proche, en rassemblant les bonnes volontés, et en comptant sur la collaboration du plus grand nombre.

 

 BIBLIOGRAPHIE

 

- BOYER J.-P. « Un prêtre ‘scandaleux’ dans un village de Haute Provence au XVème siècle. Aspirations spirituelles et enjeux profanes », in Provence Historique, T. XXXVII, fasc. 149, juillet-septembre 1987, pp. 361-396

- Collectif Le Patrimoine des communes des Alpes-Maritimes, Ed. Flohic 1999

- MUSSO A., F. & J. Roquebillière. Notes d’Histoire, Ed. Serre, 1981

- THEVENON L. L’art du Moyen Age dans les Alpes-Maritimes, Coll. Patrimoines, Serre, 1983

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[1] - GILI E. « Nouvelle histoire de Roquebillière », Pays Vésubien, 2-2001, pp. 103-114

[2] - Voir Pays Vésubien n° 1, 2000, article sur l’église Saint-Michel du Gast

[3] - Cf . les travaux d’onomastique et de linguistique toponymique d’A. COMPAN

[4] - sous la direction scientifique de Mme Catherine POTEUR Présidente de l’Association Castrum 06 et de M. Bernard SIMONEL, ingénieur de recherche au C.N.R.S.

[5] - BENARD Le PONTOIS Cdt « Fouilles préhistoriques dans la vallée de la Vésubie », in Annales de la Société des Lettres, Sciences et Arts des Alpes-Maritimes, 1926-1927, T. XXV, pp. 99-102

[6] - Rappelons le titre de l’exposition, « Roquebillière, village nomade… »

[7] - CAIS de PIERLAS E. Cartulaire de l’ancienne cathédrale de Nice, Turin, 1888

[8] - GILI E. « Perspectives de localisations et de recherches archéologiques dans la Vésubie », à paraître

[9] - BOYER J.-P. Communautés et Hommes du Haut Pays Niçois. La Vésubie (XIIIème-XVème siècles) », C.E.M. Nice 1990

[10] - BARATIER E. Enquêtes sur les droits et revenus de Charles Ier d’Anjou en Provence (1252 et 1278), Paris, 1969

[11] - CLOUZOT E. (Sous la Dir. de PROU M.) Pouillés des Provinces d’Aix, d’Arles et d’Embrun, Paris, 1923

[12] - Inventaire DRAC – ARchéologie

[13] - BODARD P. . « Quelques castra dirupta et vestiges archéologiques du Comté de Nice recemment identifiés », in Mémoires de l’Institut de Préhistoire et d’Archéologie des Alpes Maritimes, T. XXXII, 1990, pp. 123-137

[14] - In Pays Vésubien n° 1, 2000, article « Mais où est donc le Belvédère médiéval », du même auteur

[15] - Selon les travaux de J.C. POTEUR qui propose des comparaisons avec La Roche Valdeblore et d’autres lieux du même type

[16] - DURBEC J.-A. « Les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem dans les Alpes-Maritimes, après la suppression des Templiers », in Nice Historique, avril-juin 1983, pp. 67-83.

[17] - Légende racontée par Mme Mado CAILLEAU

[18] - Témoignage de M. Antoine MORES, février 1997

[19] - MOUCHOT D. « Cimiez, ville romaine », in Lou Sourgentin, n° 136, avril 1999, pp. 5-7

[20] - BOYER J.-P. Op. Cit.

[21] - Inventaire des A.H.D.N., 1D 188

[22] - A.D.A.-M. Série E dépôt 2 GG 6 : Demande d'autorisation de construire la chapelle de la place (?) et d'élargir l'emplacement occupé par la cabane servant d'abattoir afin d'y dire la messe en période de crue.

[23] - In Pays Vésubien n° 1, 2000, article « Les édifices religieux à Saint-Martin-Lantosque… », du même auteur, en collaboration avec C. ISNART.

[24] - La chapelle a besoin de réparations en 1717, A.D.A.-M., Série E dépôt 2, 2G 16

[25] - A.D.A.-M., Série 3E dépôt 2, DD

[26] - Collectif Le Patrimoine des Communes de France – Les Alpes-Maritimes, 2 T., janvier 2000

[27] - Le 12 janvier 1349, la commune de Roquebillière propose une transaction à R. BELOT pour l'établissement d'une forge (A.D.A.-M. Série 3E dépôt 2 FF)

[28] - A.D.A.-M. Série 3E DD 16 : J. DALBERA achète la scie hydraulique et le martinet

[29] - Le dossier d’archives a été constitué et utilisé lors de l’Atelier Patrimoine 2000 du Collège de Roquebillière par M. Jérôme BRACQ, responsable du Service éducatif des A.D.A.-M., que nous remercions

[30] - NATHIEZ R. « Berthemont et Salonine », in Lou Sourgentin, n° 136, avril 1999, p. 23

[31] - Mmes ALEXANDRE et OLLIVIER, que nous remercions

[32] - BOYER J.-P. Hommes et communautés… Op. Cit.

[33] - C’est le médecin Jean RAIBERTI qui est chargé d’en suivre la progression, in MUSSO J. Op. Cit.

[34] - Article d’E. GILI Op. Cit. et les propositions concernant la chapelle Saint-Jean de Belvédère in Pays Vésubien, n° 1, 2000

[35] - Relevés par Ch. LAURENTI et le Dr. DEBERDT

 


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