AMONT

Association Montagne et Patrimoine

 AMONT | Actualités | Centre d'Etudes | Musée | Inventaire du patrimoine | Publications | Expositions | Visites de nos villages | Liens

 

Ouverture de la Boutique de l'AMONT - Vente de nos publications

Catalogue d'exposition

 

Avec le soutien de


Conseil Général
des Alpes-Maritimes


Région
Provence-Alpes-Côte d'Azur

 

Accueil

Boutique
vente de nos publications

---

 

Liste des articles
Carnet de l'AMONT N°1
Carnet de l'AMONT N°2
Carnet de l'AMONT N°3
Carnet de l'AMONT n°4
Carnet de l'AMONT n° 5
Colloque de Puget-Théniers
Colloque La Brigue
Pays vésubien N°1
Pays vésubien N°2
Pays vésubien N°3
Pays vésubien N°4
Pays vésubien N°5
Pays Vésubien N°6
Patrimoine du Haut Pays N°7
Patrimoine du Haut Pays N°8
Patrimoine du Haut Pays N°9
Patrimoine du Haut Pays N°10
Patrimoine du Haut Pays N°11
Patrimoine du Haut Pays N°12
Patrimoine du Haut Pays N°13-14
Pays Vésubien Hors série N°1
Patrimoine du Haut-Pays H-S N°2
Racines du Haut-Pays N°1
Racines du Haut-Pays N°2

Remonter
Editorial
Catalogue d'exposition
Etat des recherches
Collège de la Vésubie
Langues vernaculaires
Folklore
Généalogies
Bibliographie
Notes de lectures


Chapelles rurales
à Saint-Martin Lantosque
Espace historique et sacré d’un terroir
GILI Eric [1] & ISNART Cyril [2]

 

                L’histoire des chapelles d’un terroir est l’un des révélateurs de la vie d’une communauté organisée. Leur étude permet de retracer l’organisation humaine d ’un terroir au cours des siècles. L’intérêt dont elles sont l’objet aujourd’hui démontre qu’elles font totalement partie de l’image du lieu qu’elles représentent, mais aussi de celle que se font ses visiteurs. Saint-Martin Vésubie, site riche en édifices religieux, ne déroge pas à cette règle. Les différentes phases de l’histoire locale y sont inscrites. Leur localisation géographique, leur dispersion réfléchie sur le territoire de la commune, et la particularité affichée par les chapelles latérales dans l’église paroissiale, offre pourtant une qualité commune : marqueurs de l’espace, elles le sont également des mentalités [3], révélant les phases d’évolution du sentiment religieux. La durée historique permet d’en appréhender les caractères et d’en dresser un tableau fidèle. La personnalité du fondateur [4] ouvre la voie de l’explication. Le sens spirituel, parfois eschatologique, de la fondation s’y exprime généralement. L’histoire du monument (érection, restauration, reconstruction ou encore embellissement) nous offre des clés pour une compréhension plus globale du phénomène identitaire qu’il invoque.

 

Saint-Martin Vésubie est un village d’origine médiévale. Son terroir est mentionné pour la première fois dans la seconde moitié du XIème siècle [5]. En 1067, l’Eglise devient le principal seigneur de ce territoire, et en tire des revenus. Les seigneurs de la famille de Thorame, sous l’autorité de Rostang RAINARD, « rend » à l’Eglise les droits qu’il possédait « indûment » sur les hautes vallées, entre Vésubie, Valdeblore et Tinée. Les exploitants paient pour ‘loyer’ de la terre qu’ils cultivent les dîmes. Cet impôt est un droit que possède l’Eglise de prélever 1/10ème (souvent ‘seulement’ 1/12ème) des productions de chaque parcelle. Tout chrétien, en dehors de la noblesse privilégiée, est astreint à ce prélèvement. A cette époque, elles sont essentiellement versées en nature. Plus tard, avec le renouveau et les progrès de l’économie monétaire, elles le seront en espèces. Ce sont les grands établissements religieux niçois, la cathédrale Notre-Dame del Platea [6] (sur la colline du Château, dont il ne reste que la structure arasée, dont il ne reste que les fondations, « inventées » par les archéologues qui les ont remises à jour, après la destruction de la citadelle) et l’abbaye bénédictine de Saint-Pons (aujourd’hui dans la dépendance de l’hôpital Pasteur, dont elle forme l’antenne psychiatrique et divers dépôts), qui sont propriétaires du site. Encore s’agit-il d’une indication marginale, puisque seul est mentionné le lieu d’Andobio. Le cartulaire de la cathédrale [7] qui nous le présente ainsi ne parle d’ailleurs que de revenus tirés du site, sans même indiquer la présence d’un édifice religieux, et a fortiori en citer le vocable. Cette localité est indiquée sans qu’il soit parlé d’un quelconque habitat groupé. Le toponyme d’Anduebis (prononcez Nanduébis), d’origine celtique, conservé encore de nos jours, rappelle pourtant une présence humaine Antique dans cette région.

 

Le village de Saint-Martin n’existait pas encore, quand Venanson était qualifié de Castro, et que Saint-Dalmas Valdeblore avait depuis longtemps regroupé quelques habitations à proximité du prieuré de la Sainte-Croix. Il est vraisemblable que Saint-Martin soit l’aboutissement d’un regroupement progressif des populations jusqu’alors retenues sur leurs exploitations agricoles. Ils se rassemblèrent autour du lieu choisi par l’autorité seigneuriale (les seigneurs de Thorame) qui dominait jusqu’alors le Valdeblore et Venanson. Pierre GIOFFREDO, illustre précurseur des historiens niçois, fait apparaître pour la première fois le village de Saint-Martin en 1130. Son existence n’est confirmée par les archives qu’en 1242 [8], lorsque le comte de Provence devient plus présent dans nos vallées. Raimond Bérenger V, partisan Guelfe, reprend le contrôle de la partie orientale du Comté, en soumettant les consulats alpins par la force, causant d’importants dégâts dans la Vésubie. On attribue à son sénéchal, Romée de Villeneuve, les nombreuses destructions des fortifications qui y étaient élevées : Loda, Saint-André de Lantosque, la Mainonas, et plus loin Saint-Estève de Blora. Saint-Martin fait partie des consulats cités pour avoir été soumis à ce moment. Mais le bourg n’est pas détruit, sans doute grâce à sa position stratégique intéressante. Les successeurs Angevins du Comte de Provence prolongent sa politique d’alliance avec les communautés constituées. Il leur attribuèrent, ou reconnurent leurs statuts, ou libertés (privilèges des communautés libres), contre la reconnaissance exclusive de son pouvoir. Cette politique régalienne limitait, puis supprimait de fait ceux des seigneurs locaux.

 

                Le cœur du terroir est alors constitué par l’espace sacré de la chapelle San Nicolao, composé d’une ‘église’, accompagnée de sa maison claustrale [9]. Elle entretien alors d’évidents liens avec le prieuré de Saint-Dalmas de Valdeblore, et plus loin avec l’abbaye-mère de Pedona. Son vocable, saint Nicolas, se retrouve dans de nombreuses possessions autant Piémontaises que Provençales. Sa nature, comme sa structure, nous sont inconnues. Seules subsistent aujourd’hui quelques ruines, insignifiantes, un restant d’abside effondrée et des fragments des murs d’origine. La comparaison avec d’autres édifices régionaux survivants [10], d’époque comparable et appartenant à la même Maison, nous montre une structure très comparable : un bâtiment à nef unique, terminé par une abside en cul-de-four, une ouverture donnant au sud [11], possédant son cimetière au nord. Les dimensions sont fort variables, mais restent généralement modestes : de 10 à 25 m de longueur.

 

                La chapelle, au siècle dernier, couvrait une superficie de 43 m². Elle était déjà en ruines [12], depuis près d’un siècle, quand le cadastre « Napoléonien » nous permet de la repérer et de constater son emprise au sol. L’édifice est proche d’un chemin de liaison, venant de Saint-Martin par le pont Saint-Nicolas, menant au Valdeblore, mais aussi aux quartiers septentrionaux du territoire (le Villar, le Ciastel…). Une placette dégageait un espace au nord. Plus rien ne subsistait des bâtiments annexes qui devaient, selon RAIBERTI, l’entourer. Seuls quelques édifices ruraux, entrepôts et granges (réserves de foin) formaient le ‘hameau’. Les terres les plus proches étaient réservées aux prés, à cause d’importantes résurgences des sources et canaux d’irrigation. Le sous-sol morainique explique la faible importance de la couche arable superficielle, et l’omniprésence des affleurements rocheux, stérilisants. Les champs réservées aux céréales se situaient plutôt sur les premiers contreforts, aménagés en planches de culture.

 

                L’espace de Saint-Nicolas fut longtemps le lieu des réunions du Parlement Général des chefs de familles de la communauté de Saint-Martin [13] jusqu’à la fin du XVIème siècle, cette assemblée se réunissant chaque fois que des décisions importantes concernant l’ensemble des habitants du village devaient être prises. En effet, l’une des caractéristiques de Saint-Martin était la forte cohésion de son Universitas. Le phénomène peut s’expliquer par les nécessités géopolitiques de la localité, les seigneurs et souverains successifs acceptant plus facilement de concéder quelques ‘Libertés ’ à ces populations marginales, sur une zone frontière, faisant ainsi reconnaître leur autorité, tout en leur permettant de se défendre par elles-mêmes, sans grever les finances comtales. La chapelle ne devait pas se relever des ruines révolutionnaires, le XIXème siècle, répondant à de nouvelles préoccupations, ne permettant plus d’y pourvoir.

 

                Le mouvement qui provoqua l’implantation définitive du village sur son site, connu par ailleurs sous le nom d’incastellamento, transforma le rapport qu’entretenait la communauté avec son territoire, et l’obligea à renforcer le phénomène d’appropriation déjà initié. Le marquage symbolique, par la dispersion des chapelles, fait partie de ce phénomène. Création seigneuriale, Saint-Martin acquit, en deux siècles, l’essentiel de ses réglementations (statuts), forgeant son identité en s’émancipant des droits seigneuriaux et en les rachetant. La chapelle champêtre fut souvent le symbole de cette époque. Dès le XIVème siècle l’amalgame entre l’administration communautaire et les confréries pieuses [14] renforçait la cohésion et la puissance du groupe [15]. Le plus souvent, les familles qui dirigeaient le Conseil ‘communal’ formaient également l’encadrement des confréries. L’individu est alors intégré dans ces cadres sociaux, appartenant tout à la fois à une famille, une confrérie et à la Communauté. Les plus apparents pouvaient alors compter sur une clientèle importante.

 

                Plusieurs modes d’érection président à la création des chapelles. Il pouvait s’agir d’une décision commune au village, mais pouvait aussi être l’œuvre d’un particulier. Pour en faire un lieu de culte, encore fallait-il l’entretenir, y faire dire des messes. Des dons de terres leur étaient octroyés. La chapelle (souvent confondue sous le terme de chapellenie), personne morale, en devenait propriétaire. Elle les gérait, les donnant en emphytéose (sorte de location perpétuelle) contre un cens annuel (un loyer), qui lui restait dû, comme gage de sa propriété. L’acquéreur conservait un droit de mutation du bien, qu’il pouvait transmettre par vente ou héritage. Ce ‘loyer’ pouvait être payé en numéraire, mais bien souvent, il était versé en nature, généralement en mesures de seigle [16], la céréale la plus communément cultivée. Les monnaies sonnantes étant rares, et le seigle resta un moyen d’échange jusqu’à la Révolution française. Les terres appartenant aux chapelles étaient souvent tenues par les grandes familles locales. Ainsi, le patrimoine cédé ne quittait qu’artificiellement la famille du donateur, qui continuait de cette manière à l’administrer, sans avoir physiquement abandonné la propriété. Les valeurs en argent ayant tendance à se dévaluer, les cens en nature conservaient ainsi leur importance dans une société aux échanges numéraires réduits. Les fluctuations climatiques ou conjoncturelles, comme les temps de guerres ou les mauvaises récoltes, réduisaient d’autant les capacités productrices de la communauté, limitant les revenus des terres. Le temps des crises frumentaires nécessitait les efforts de chacun pour limiter l’intolérable et réduire les plus flagrantes misères. Le rôle des notables envers les indigents de la communauté ne faisait que renforcer leur clientèle d’obligés, en accordant les aumônes en céréales et pains, assuraient la survie ou les prochaines semailles.

 

                Quand la Communauté était propriétaire du rectorat de la chapelle, le Conseil ordinaire, dirigé par les syndics et composé d’une douzaine de conseillers, désignait son administrateur, son recteur. Il se chargeait d’en percevoir les revenus et de faire dire les messes prévues par les donateurs testamentaires, au bénéfice et soulagement de leur âme et de celles de leurs proches. Saint-Martin faisant partie d’un ancien pays de droit écrit, les habitants entretenaient des relations naturelles avec les notaires [17], dès l’instant où ils détenaient une propriété quelconque. La dévotion des Saint-Martinois, proche de la sensibilité baroque, s’employait à réclamer un grand nombre de messes, « en plus de la solennelle ». Certains notables demandaient ainsi que soient célébrées plusieurs centaines de messes dans l’année qui suivait leur décès [18]. Le plus souvent, il s’agissait de quelques dizaines, réparties entre plusieurs autels.

 

Certaines chapelles étaient placées sous la responsabilité d’une famille. Elles étaient alors partie intégrante de leur propriété privée, comme fondation de l’un de ses membres. Ses descendants, titulaires du jus patronat de la chapelle, nommaient alors, quand cela s’avérait nécessaire, un prêtre qu’ils rémunéraient. Celui-ci célébrait des messes en consolation (in refrigerio) des âmes des défunts de la famille. La chapelle familiale représentait un symbole de leur puissance, de leur pouvoir et de leur rang dans la communauté.

 

                L’année 1400 marque la fin du pouvoir seigneurial sur Saint-Martin, avec la cession des derniers droits possédés par la famille LASCARIS de Tende [19]. Désormais, la communauté est seule maîtresse de ses dépenses et de ses revenus. Seuls restaient dus les impôts versés au duc (de Savoie), qui s’appuyèrent, dès la fin du siècle, sur un livre cadastre [20], rendant ainsi la perception uniformément répartie selon la richesse foncière des propriétaires. Les droits du ban, concernant la police des champs, celle des forêts et pâtures, étaient prononcés par des agents de la communauté qui les avaient acquis [21]. Une partie des amendes revenait au Fisc ducal quand le délit relevait de moyenne ou haute justice, touchait des droits régaliens. L’autre était partagée entre la partie lésée, généralement le propriétaire du bien, et l’agent prononçant la peine (l’arbitre, le campari - garde champêtre - ou risguardatori - vérificateur municipal). Les droits les plus fameux, ceux des fours et des moulins, étaient recouvrés par la communauté par simple propriété, qui louait ces équipements collectifs tous les ans, en retirant quelques rapports qui formaient une part importante des revenus fixes de son budget.

 

                La nouvelle « richesse » du pays est symbolisée par la restauration des monuments communautaires, parmi lesquels San Nicolao tient la première place. A la fin du Moyen Age, l’évêque de Nice décide l’octroi d’indulgences, gages de la réduction des peines futures au Purgatoire, attribuées à ceux qui relèveront ses ruines. La chapelle nous était alors présentée comme abandonnée. Cela pourrait être une preuve supplémentaire de l’importance acquise par le village lui-même à nouveau capable de réhabiliter ses lieux symboliques et sacrés. Elle est restaurée, et consacrée le 30 avril 1439 [22]. En 1518 [23], le Parlement Général de la Communauté tient toujours ses réunions aux pieds de l’édifice. Ce furent pourtant les derniers rassemblements qui s’y tinrent. Le Parlement se tint alors ‘traditionnellement’ sur la place de la Frairia, au pied de l’église paroissiale, où s’établit la Maison Commune durant toute l’époque Moderne. Saint-Martin était définitivement devenu un village groupé, rompant avec son passé haut médiéval, plongeant délibérément vers la Modernité.

 

                La couverture spirituelle du terroir de Saint-Martin nous apparaît à la lecture du testament de Jean DROSONI [24]. Les legs pieux dont il oblige ses héritiers, en 1454, nous font connaître les chapelles Saint-Grat, Saint-Antoine et Saint-Sébastien. Ces dernières font office de rempart anti-épidémique. La couverture spirituelle protectrice se complète par la construction de la chapelle la plus méridionale du terroir, Saint-Bernard. Les habitants demandent l’autorisation à l’évêque de Nice de la construire au quartier Antella ou Quessa de Fenestre. Monseigneur Bartolomeo CHUET en accepte le principe, le 6 décembre 1497 [25].

 

                La progression multiséculaire vers le sud de la vallée s’achevait. Elle avait débuté alors que le village lui-même n’existait pas, que des groupes isolés d’habitants peuplaient déjà les pentes du Villar, et quelques autres espaces de défrichement. L’acquisition de biens dépendants du sanctuaire de Fenestres fut sans doute l’élément moteur accélérateur de ce mouvement. Ces fonds se situaient effectivement, en majorité, dans la partie sud du terroir de Saint-Martin, entre le vallon de la Madone et le quartier de Castagniès [26]. La vallée du Boréon dépendait historiquement d’une autre aire d’implantation, sans doute plus ancienne.

 

                A l’époque moderne, de nombreuses chapelles quadrillent le territoire de Saint-Martin. Elles sont au nombre de 8, rurales, auxquelles s’ajoutent les chapelles comprises dans l’espace urbain du village. Il existait alors, du nord au sud du terroir, la Très Sainte Trinité, Saint-Nicolas, Saint-Grat, Saint-Antoine, Saint-Lazare, Saint-Joseph, Saint-Sébastien-Saint-Roch, Saint-Bernard, et aux abords immédiats du village Saint-Jean et Sainte-Anne. Les chapelles des saints Nicolas, Grat, Antoine, Sébastien et Bernard sont médiévales comme nous venons de le voir. Leur érection s’étend du XIème au XVème siècle. Les autres apparaissent à l’époque moderne. Dans l’agglomération elle-même, l’espace est partagé selon les diverses phases d’extension du village. La chapelle des Pénitents blancs, archiconfrérie du Gonfalon, est placée sous le vocable de la Sainte-Croix. Celle de la Vierge de la Miséricorde appartient aux Pénitents Noirs. Elle possède le double vocable, dédié à Saint Jean Baptiste, le Précurseur. Et enfin l’église paroissiale, sous le vocable de Notre-Dame de l’Assomption, est dédiée à l’origine à saint Martin.

 

                Le sanctuaire de la Madone, dont l’existence nous est confirmée dès le début du XIVème siècle, longtemps dominant, perd progressivement de son pouvoir. A la fin du Moyen Age, ses biens sont déjà administrés par les grandes familles locales, dont certaines monopolisent progressivement la charge de Commandeur (mise en commende du Sanctuaire et de ses revenus). De nombreuses légendes expliquent l’origine du sanctuaire, sans qu’il nous soit permis d’en juger de façon scientifique. Son ancienneté est pourtant admise. Lazare RAIBERTI, reprenant Pierre GIOFFREDO [27], rappel que le site fut occupé par un autel païen, un temple dédié à Jupiter, assertion invérifiable, puis par les fameux Templiers, ce qui fut démentit par des recherches plus récentes [28]. Le comte de Barcelone et de Provence, Raymond Bérenger, récemment vainqueur de son rival Toulousain pour la possession de cette dernière terre [29], leur aurait attribué, en 1130, par testament, des terres sur le territoire de Saint-Martin, dont celles de la Madone, deux ans après leur installation en Provence. Au XVIème siècle, la possession du sanctuaire est l’objet de nombreux affrontements entre les commandeurs successifs appartenant à différentes familles, qui y trouvent un terrain pour vider d’anciennes querelles [30]. C’est particulièrement le cas pour les familles RAIBERTI et INGIGLIARDI, qui s’opposent en de longs procès, les seconds obtenant la restitution des produits (foins) retirés des terres de la Madone par les premiers après le décès de leur oncle jusqu’alors commandeur.

 

                Les chapelles organisent les différentes parties du terroir de Saint-Martin. Chacune possède un patrimoine propre, qu’elle loue à des particuliers, et dont elle tire des revenus, une part importante, souvent l’essentiel, est attribué au desservant. Un prêtre se charge d’y dire les messes ordonnées par divers légataires testamentaires, au fil des siècles. L’exemple de François BOCIONE, de feu Pierre, en donne un excellent exemple. Son testament, dressé le 16 avril 1687 auprès du notaire RICOLVI [31], prévoit un certain nombre de legs pieux, de messes que ses héritiers devront faire dire dans l’année qui suit sa mort aux différentes chapelles de Saint-Martin. Ainsi oblige-t-il à faire dire 8 messes à chaque autels, en commençant par ceux de l’église paroissiale, puis des chapelles rurales [32]. Les « propriétaires » de la chapelle, tenant son jus patronat, droit héréditaire de patronage (propriété réelle), reçoivent les fonds laissés à cet effet pour les faire dire à leur chapelain. Bien souvent la Communauté et ses syndics en sont nominalement  responsables. Les fondateurs s’en remettent à la puissance ‘publique’, gage de la continuité et de l’éternité de leur fondation. La chapelle est une véritable personne morale. Les syndics, au nom du Conseil ‘représentatif ’ du Parlement Général de tous les habitants, procèdent à la nomination des desservants. Ils les rémunèrent, au nom des testateurs, faisant ainsi perdurer les dons, rappelant les œuvres des pieux légataires. Donner, être en mesure d’immobiliser dans ce dessein une part du patrimoine foncier de la famille, est alors un signe ostentatoire important de richesse, de puissance. Ce geste engage l’ensemble de la descendance, ce qui explique son caractère si particulier, et les précautions qui l’entourent. Il ouvre ou ouvrira plus rapidement la porte de l’Eternité à son auteur.

 

                Les visites pastorales [33] du siècle dernier nous présentent un terroir sacré fortement détérioré. Les chapelles Saint-Bernard, Saint-Grat, Saint-Nicolas et Saint-Joseph ont été détruites, pendant les « guerres françaises » nous dit-on. Par contre, celles de Saint-Antoine, Saint-Lazare et des Saints-Sébastien & Roch, sont toujours « tenues décemment ». Elles possèdent chacune un autel unique, dédié au saint titulaire. Elles sont le lieu d’une procession annuelle. Les chapelles de Saint-Jean et de la Très Sainte Trinité sont dites  ‘privées’. Leurs recteurs ne sont pas nommés par la communauté, mais par les héritiers du fondateur. En 1837, Don Casimir CAGNOLI administre les biens pro tempore de la Trinité.

 

                Les chapelles ont souvent eu une existence irrégulière. Certaines sont restées familiales, telle Saint-Lazare, dont se souvient encore Lazare RAIBERTI [34], à la fin du siècle dernier, ayant appartenu à sa famille, mais déjà détruite à ce moment.

 

                Elle est attestée en 1548 [35], localisée près du pont au bas du village, qui en pris le nom. Lazare, protecteur et guérisseur de la lèpre, offre une dernière protection du village. Lors de la visite pastorale de 1836 [36], elle est encore « en bon état », et accueille une procession annuelle. On y dit toujours des messes, et le Saint Sacrement y est pratiqué. Même constatation en 1847. Le cadastre « Napoléonien » indique à cet emplacement la présence d’un bâtiment rural de 10 m² (Section E parcelle 546), sans plus de précision. Une aquarelle conservée au Musée des Traditions Vésubiennes montre le lit du pont jeté sur le vallon de Fenestre au bas du village. Cette peinture fait apparaître la roche sur laquelle s’appuie la chapelle (sans que celle-ci ne soit visible), émergeant bien plus qu’aujourd’hui du sol visiblement rehaussé. L’hypothèse qui fait de ce bâtiment un édifice de culte pourrait alors s’avérer exacte, si l’on se rappelle que bien souvent le pont donnant accès à la ville est protégé par une chapelle (comme à Nice, sur le Pont-Vieux, où se dressait une chapelle Saint-Antoine), et qu’il paraît illogique de bâtir une grange dans une zone inondable. Ce serait alors un exemple unique. Retrouver le sol originel, fortement enfoui dans les matières de comblement serait alors nécessaire pour apporter la preuve de cette hypothèse de travail. Avant guerre, les agriculteurs s’abritaient sous cette voûte pour leur déjeuner, ayant déjà oublié la vocation première de ces ruines.

 

                La famille RAIBERTI était également propriétaire d’une chapelle latérale dans l’église paroissiale. En 1907 [37], elle y revendique celle des Ames du Purgatoire. La chapelle est située dans la proximité immédiate de l’autel majeur, dans la travée de droite, accolée à la niche qui abrite actuellement la statue médiévale de la Madone de Fenestre pour l’hiver. Il parait vraisemblable qu’elle fut un lieu d’inhumation familiale, jusqu’à ce que le roi de Sardaigne décide d’en interdire la coutume, en 1775, arguant des risques épidémiologiques que cela entraînait en période de forte mortalité. Cette décision précédait de peu l’obligation de transporter les cimetières hors-les-murs, imposée par le régime français par la loi du 26 prairial an XII (1804).

 

                A la fin du XIXème siècle, le cadastre « Napoléonien » [38] nous permet de retrouver l’emplacement des chapelles sur le territoire de Saint-Martin, et nous en donne un descriptif succinct. Quelques-unes ont disparu, comme Saint-Grat et Saint-Lazare. Beaucoup sont en ruines. C’est le cas de Saint-Nicolas, déjà cité.

 

                Saint-Grat, déjà citée au XVème siècle, a laissé dans la micro-toponymie du village une simple impasse rappelant son nom. Même le cadastre de Saint-Martin n’en porte plus la trace. C’est par l’intermédiaire d’une ancienne carte postale [39], que nous pouvons dater d’entre la fin du siècle dernier et le début de l’actuel, que nous avons remonté une piste archivistique

 

                Tout au nord de la rue principale du village se dressait le corps de garde de la Douane française. Poste qui n’a pu être établit qu’après l’annexion française, dont des traces écrites de son implantation devaient subsister. La forme particulière du bâtiment, de faibles dimensions, possédant un œilleton sur sa façade méridionale, pouvait laisser penser qu’il s’agissait d’une ancienne chapelle. La vérification dans les délibérations municipales permis de découvrir « l’acte de cession d’un terrain pour un corps de garde pour la Douane » [40], en date du 23 juin 1867, « à l’embranchement des deux chemins de la Madone, et Boréon ou Cerise ». La municipalité décide de donner « le lieu même où existait la chapelle de Saint-Grat », pour une superficie de 3,60 x 3 m, agrandie à 4 m pour les besoins de la nouvelle construction. De nos jours, l’emplacement considéré a été réaménagé. Une niche rappelle le caractère sacré des lieux.

 

                La chapelle Saint-Jean est déjà abandonnée à cette époque. Elle appartient à la commune, qui gère les biens du rectorat du même nom. Elle fut érigée en 1684, par Jean GILETTA [41], qui lui lègue l’essentiel de ses biens dans le but de former son patrimoine. Sa femme fait de même lors de l’établissement de son testament. Ses héritiers conservèrent le jus patronat. Ils le tenaient encore en 1836, quand il s’agit d’affirmer les droits de la famille CAGNOLI sur la chapelle et son patrimoine [42], pour la nomination du chapelain. Jean André BALDONI en est le recteur en 1817. Nous connaissons également l’un de ses prieur, Michel ROSTAGNI, en 1852 [43]. Mais en 1868, Saint-Jean est devenue une dépendance de l’église paroissiale, ce qui met fin à son autonomie. Finalement abandonnée après sa sécularisation au début de notre siècle, elle abrite aujourd’hui la médiathèque municipale, après voir été convertie en bains-douches publiques.

 

                A la sortie septentrionale du village, la chapelle Saint-Antoine est également en ruines. Elle a été aujourd’hui remaniée, laissant place à un garage, fortement bétonné. L’ancienne parcelle représentait 340 m², mais l’édifice n’en couvrait qu’une faible partie. L’espace disponible servait à l’accueil, démontrant l’importance de cette chapelle comme lieu de dévotion. Elle formait une étape essentielle et traditionnelle sur le chemin menant à la Madone et au col de Fenestres. Elle était aussi la dernière halte respectée avant l’entrée dans le village, de retour des sommets, quand revenaient les processions coutumières. Elle est pourtant alors décrite, en ruines, et l’est toujours lors de la séparation des églises et de l’Etat, au début de notre siècle.

 

                Seul le mur sud conserve la trace de sa destination première. Un fenestron de forme ogivale s’ouvre dans la dernière partie de l’édifice. A l’intérieur se trouve encore une partie de la voûte en pierre d’origine, rappelant l’érection médiévale de cette chapelle [44]. Elle est aujourd’hui malheureusement bétonnée, ne laissant rien paraître de sa structure d’origine, sinon son importance certaine, qui place l’édifice parmi les plus important du Moyen Age de notre village. Le fenestron, à l’intérieur, s’ouvre très bas dans le mur, laissant entrevoir un comblement important du sol à cet endroit, surélevé par rapport à la surface d’origine. Les multiples remaniements contemporains ont totalement dénaturés l’édifice.

 

                Lazare RAIBERTI [45] en faisait un établissement des Templiers, affirmant qu’elle était accompagnée de plusieurs bâtiments, ouvrant sur le col et le sanctuaire de Fenestre, que ceux-ci contrôlaient. Mais la présence de cet ordre militaire dans notre vallée est totalement remis en cause par les recherches exhaustives de J. DURBEC [46]. Après avoir commenté les inventaires de saisie de leurs biens, lors de la déchéance de l’Ordre, il affirme que les Templiers ne possédaient aucun bien ni revenu dans notre vallée. Ce qui renvoie au rang de légende (née au XIXème siècle ?) les récits qui les font intervenir à Saint-Martin.

 

                Notre historien du siècle dernier nous offre encore une vision de l’édifice à son époque. Mais il regrette déjà qu’elle ait perdu son cachet médiéval, « recrépie et blanchie à la chaux ». Quelques décennies plus tôt (1836), présentée lors des comptes-rendus de visites épiscopales, elle était encore « décemment tenue ». Des messes y sont alors dites sur le seul autel de l’édifice. Elle fut de nouveau restaurée en 1847, ce que nous confirme Lazare RAIBERTI. Le tableau qui ornait son autel se trouve actuellement dans l’église paroissiale [47].

 

                La chapelle Saint-Sébastien est connu dès le milieu du XVème siècle, par le testament de Jean DROSONI (1454) [48]. Mais ce n’est qu’au début du siècle suivant qu’est adjoint au culte initial celui de saint Roch, offrant le double vocable à l’édifice. Cette adjonction fait suite à une « peste » qu’un vœu collectif arrêta (« répondant à un vœu solennel que leurs ancêtres ont émis lors d’une épidémie contagieuse qui a fait tant de victimes dans cette ville » [49]). Protectrice collective, elle fut de tout temps administrée directement par la Communauté, qui nommait ses recteurs, les chargeant en son nom de la conservation (custode) de son patrimoine, de pourvoir à son entretien par les revenus qui en étaient tirés. Ces administrateurs furent essentiellement des membres des grandes familles locales : FABRI, RAIBERTI...[50] . Monet AUGIER [51], dans son testament de 1528, attribue 10 florins à la fabrique de la chapelle Saint-Roch, étant touché par la « peste ». A la même époque, le culte de saint Roch était également établit dans l’église paroissiale de Saint-Martin, où un rectorat lui était dédié [52]. Pratiquement toujours associés, ces deux saints se retrouvent picturalement représentés dans la quasi totalité des villages avoisinants. Cette chapelle est un lieu privilégié de la fête patronale, où se rend la procession annelle. Elle se trouve à l’entrée méridionale du village. Après la Restauration de l’autorité Sarde, les édiles de Saint-Martin pourvoient rapidement à sa réhabilitation, mais dans les années 1870-1880, celle-ci demande de nouvelles restaurations, « ses murs et ses enduits, et même sa voûte et sa couverture menacent de s’écrouler » [53]. L’édifice visible aujourd’hui n’est qu’une reconstruction relativement récente.

 

                Son emplacement, à l’origine, se situait sur le tracé de la route départementale n° 1 - aujourd’hui 2565. Le plan de 1876 nous permet encore d’identifier son emplacement, en un temps où la route atteignait péniblement le quartier du Toron. Désirant qu’elle rejoigne le village, la municipalité avait proposé l’établissement d’une promenade ombragée jusqu’au débouché du vallon de Fenestre. Mais le tracé envisagé obligeait à démolir cette chapelle. Elle ne pouvait être détruite sans compensation, et l’acte de cession, établit pour un prix de 200 francs, prévoie sa réédification dans la proximité immédiate du bâtiment d’origine. Mais cette provision s’avéra insuffisante.

 

                C’est le comte de Caserta, de la famille des Bourbon-Parme de Naples, en voisin propriétaire, qui assura l’essentiel de son financement, permettant sa réédification dès 1881. Il pourvut à son aménagement intérieur, très sobre, conforme au néoclassicisme dominant. Son caractère rural disparut avec l’introduction du marbre, mettant fin au baroque alpin représenté par la décoration des autres édifices religieux saint-martinois, s’accommodant avec noblesse de stuc. Si ses dimensions n’ont pas changé, son style est vraisemblablement très différent de celui de la construction médiévale. Cette chapelle a été entièrement restaurée, ré enduite, mise hors eau à la fin de l’été 1995. Le clocheton lui-même reçut les derniers renforcements au début de l’été 1997. La chapelle a été inaugurée avec toute la solennité qu’imposait un vœu « immémorial » le 16 août de cette année.

 

                La chapelle Sainte-Anne,  était située immédiatement après la porte fortifiée qui en a conservé le nom, tout comme le quartier des jardins hors-les-murs, dans sa proximité. Elle donnait naissance au chemin menant à Venanson et au Valdeblore.  Cette chapelle ne laisse que peu de traces dans nos archives. Elle est visible sur un plan du début du XIXème siècle [54], mais fut détruite pour les mêmes raisons que celle dédiée aux Saints-Sébastien et Roch, à la fin du siècle dernier. Autant qu’il est possible d’en juger, il s’agissait d’un simple bâtiment, aux dimensions forts modestes, qui ne se différenciait que peu des édifices ruraux, si ce n’est justement pas sa superficie limitée (20 m² pour la parcelle décrite dans le cadastre « Napoléonien »). Son « antiquité » n’est pourtant pas discutable, puisque la première matrice cadastrale moderne mentionne déjà le toponyme des Jardins do Sant’Anna [55] en 1702. Elle se trouvait sur un nouvel axe de communication, le tronçon de contournement du village que la commune décida de tracer sur la proche ceinture des jardins entourant la ville [56]. Cette nouvelle voie devait raccorder le pont récemment construit, aboutissement de la route départementale, et la vaste place de l’hôtel de ville moderne, symbole de l’entrée de Saint-Martin dans l’époque contemporaine, élevé dès 1861.

 

Le projet voulait remplacer le traditionnel passage par la Rue Droite, aujourd’hui Rue Docteur CAGNOLI, longeant le beal (ruisseau) sur toute la longueur du village. L’ancienne chapelle, cédée par la Fabrique paroissiale à la commune dès 1876 [57], ne fut pas reconstruite. Les fonds réservés à cet effet, s’élevant à 1.200 francs, s’avérèrent également insuffisants. Elle ne bénéficia malheureusement pas de la présence d’un généreux donateur dans son voisinage. Nous ne connaissons même pas l’iconographie qui ornait son intérieur. La seule trace probable qu’elle nous ait laissé pourrait être le tableau (XVIIème siècle) conservé dans la chapelle de la Miséricorde, représentant la sainte à la droite de la Madone de Fenestre.

 

                Le cadastre du siècle dernier nous présente d’autres ruines. Celles de la chapelle Saint-Joseph, au quartier du même nom. L’édifice est déjà connu au milieu du XVIIème siècle (1644). Le culte de l’époux de la Vierge, modèle de la Bonne Mort du Chrétien, est réactivé et renforcé après le Concile de Trente. Il devient alors un intercesseur essentiel dans la vie du croyant, sensé le protégé contre les accidents mortels, qui auraient empêché la confession des derniers instants offrant un dernier soulagement et un premier pardon. Saint-Joseph est alors présent hors du village, offrant une protection aux agriculteurs dans leur labeur quotidien. Mais il siège également en bonne place dans l’église paroissiale, immédiatement après les cultes les plus importants de la période post-tridentine (la Madone du Rosaire et les Ames du Purgatoire).

 

                Nous connaissons une première chapellenie fondée sous ce vocable par le Révérend Père Dom. Joseph AIRAUDI, le 18 août 1700, par acte testamentaire (enregistré par le notaire Ludovic RAIBERTI) [58], attribuant les revenus nécessaires pour qu’il soit dit « éternellement » une messe sur cet autel. Nous avons peut être atteint l’origine de la chapelle latérale que nous connaissons dans l’église paroissiale, même si il est possible qu’il en est existé une, érigée sur un autre emplacement avant cette date. Chapelle du XVIIIème siècle, outre son aspect rassurant, elle offre un superbe vitrail composé des outils de menuiserie. Il s’agit de la seule trace connue à Saint-Martin pouvant faire penser à l’existence de confréries de métiers, connues à Nice, et dont on connaît l’importante sociabilité qu’elles engendraient. Dominées par les maîtres, la confrérie possédait sa propre chapelle (comme les maîtres-maçons tenaient celle des 4 Saints Couronnés dans la cathédrale Sainte-Réparate), ses statuts enregistrés au Sénat, et sa fête patronale. Elle participaient aux processions coutumières, suivant un ordre de préséance prédéfinis, parmi les gens des Métiers. Economiquement, elle contrôlait l’entrée dans le métier, et évidemment limitait la concurrence par cooptation des maîtres, en réduisant les possibilité d’ascension sociale interne. La corporation de métier n’existait pas à Saint-Martin, qui ne possédait qu’un tissu artisanal trop ténu pour cela.

 

                Après sa destruction « pendant les guerres françaises » [59], cet ancien lieu de culte connaît une nouvelle destination. Lors du Conseil Municipal du 5 novembre 1876 [60], le Maire soumet la délibération du Conseil de Fabrique (qui gère les biens temporels de la paroisse) datée du 1er octobre précédent, concernant la concession du terrain d’une ancienne chapelle démolie « depuis un temps immémorial » au quartier Saint Joseph (63 m²) au profit du sieur BELLEUDI Louis, époux CIAIS, propriétaire, pour 50 f. L’affaire est entendue. L’Administration des Cultes accepte la transaction, prouvant de fait que l’édifice avait été auparavant désacralisé [61]. Le nouveau propriétaire la transforma en fabrique de savon, mais cela dura peu. Elle redevint une ruine insignifiante jusqu’à ce qu’elle disparaisse définitivement.

 

                Il existait enfin la chapelle Saint-Bernard, dont nous avons déjà parlé, en précisant l’époque de son érection. Elle symbolise une importante phase d’appropriation de l’espace méridional du territoire de Saint-Martin, concentrée entre les mains de quelques familles, dont la plus illustre alors, était celle des VEGLIO. Ceux-ci demeurent les principaux propriétaires fonciers dans ce quartier, jusqu’au milieu du XIXème siècle. Ce sont les membres de cette famille qui tiennent la rectorie de Saint-Bernard, dès le début du XVIIIème siècle : Jean Louis VEGLIO en 1699, Pierre Antoine VEGLIO en 1700, le Medico VEGLIO en 1701. Edifice rural par excellence, périphérique, elle ne laissa que peu de traces dans nos archives.

 

                Elle donna son nom au quartier l’environnant, surimposant un nouveau toponyme à celui de Nantello. Autour de l’édifice se regroupèrent alors de nombreux bâtiments. Puis, ruinée et délaissée, elle fut transformée en grange et en entrepôt à la fin de la décennie 1980.

 

                Dernière chapelle périphérique, tout au nord des terroirs de Saint-Martin, la chapelle de la Très Sainte Trinité s’élève au quartier de Ciastel. Ell est encore en état de recevoir le culte de nos jours. Elle se dresse sur le mamelon rocheux dominant la partie méridionale du vallon du Boréon et l’espace de Saint-Nicolas. Orientée vers le Midi, elle couvre également l’espace mystérieux du Villar. Elle nous est connue à la fin du XVIIème siècle [62]. Le bâtiment actuel présente d’évidents remaniements, dont un agrandissement significatif à partir d’un bâtiment d’origine à l’est, et peut être une nouvelle orientation. On distingue avec quelques difficultés l’élévation de l’ancien édifice, à partir de la porte d’accès de la chapelle. Sa superficie a alors été approximativement doublée. Sa structure est celle d’un bâtiment rural anodin, totalement intégré dans l’architecture locale. Il s’agissait d’une chapelle privée, dont le chapelain était, en 1836 le Révérend Recteur Dom. Casimir CAGNOLI. Pourtant, l’inventaire dressé en 1905 nous la présente sous un jour fort sombre. Son espace intérieur, complété par une cuisine à l’étage, en fait un lieu où l’on passe un certain temps, ce qui s’explique par l’éloignement du village. Son équipement destiné au culte est des plus succinct, et de peu de valeur si on le compare aux autres édifices dont on nous présente l’inventaire.

 

                Quelques chandeliers en bois doré, de rares pièces en métal, calice ou patène. Un seul tableau orne l’autel unique, représentant la Très Sainte Trinité. Cette vision peut être trompeuse, puisqu’il s’agit de l’unique chapelle champêtre dont nous puissions encore visiter l’intérieur.

 

                Les autres lieux du culte rural devaient vraisemblablement lui ressembler. Le mobilier destiné à accueillir les fidèles est limité à l’indispensable. Ceci s’explique au vu de l’espace disponible. Pourtant, nous y trouvons 5 bancs en bois blancs, et 4 chaises. Ces sièges étaient destinés aux personnes les plus importantes, le commun assistant aux offices debout. Leur nombre était matériellement limité. Rappelons qu’au Moyen Age, et jusqu’à une époque tardive, les édifices religieux ne possédaient pas de sièges ni de bancs. Loin d’être une chapelle de proximité comme toutes les autres, son éloignement même lui attribue un caractère particulier. Au cœur de la région qui est, selon toutes probabilités, une zone de peuplement originel sur ce versant, elle joue aujourd’hui encore un rôle important dans la structure religieuse de Saint-Martin. Elle est toujours le lieu et le but d’un pèlerinage annuel.

 

                L’espace urbain du village complète cette couverture spirituelle par deux grandes chapelles des Pénitents. Elles sont encore aujourd’hui entretenues, grâce à l’action incessante de quelques courageuses personnes, leur redonnant leurs couleurs pluriséculaires. Celle de la Sainte-Croix est la plus vaste. Elle occupe une superficie de 238 m², alors que la chapelle de la Miséricorde ne couvre que 115 m². Ces deux bâtiments, de styles très différents, ont été élevés à des époques elles aussi fort différentes. Ils expriment les plus belles représentations de l’art alpin, largement agrémenté d’un style baroque local surimposé à l’édifice médiéval pour la seconde, intégré dans la décoration intérieure plus que dans sa structure architecturale pour la première. Leur mobilier reflète encore la richesse et l’ostentation qu’ont voulu leur donner les fidèles.

 

La chapelle de la Miséricorde est de conception médiévale. Elle se compose d’une nef unique, divisée en trois travées, de formes et d’élévations différentes. La sacristie se trouve immédiatement au nord de l’autel principal. Le soubassement est composé d’une « cave » voûtée, décelable par une faible ouverture du mur donnant sur le vallon de Fenestres. Son mur Est semble avoir été remodelé à la suite d’un événement qui nous échappe. Les bas-côté de l’autel sont percés par deux portes-placards aujourd’hui murées, puisque donnant sur ce même vallon. Il est possible qu’une extension du bâtiment ait existé.  Son clocheton, par contre, a été élevé dans les années 1840. Son aménagement intérieur reste relativement sobre. Les enduits sont, à l’origine, de chaux, sans autre richesse surajoutée. Le style baroque apparaît autour du maître-autel, par la surimposition de colonnes torsadées, et surtout de petits anges, discrets mais présents. Pour compléter la trilogie, il reste aujourd’hui quelques traces d’une peinture de plafond, qui devait ouvrir le bâtiment sur le Ciel. Son éclat est rehaussé par l’emploi de bois de noyer (considéré comme le plus riche), composant les bancs des chantres, comme les portes, sculptées. Celle de la sacristie est datée de 1789. L’iconographie de la chapelle est composée d’un ensemble de 6 grands tableaux. Le maître-autel est illustré par une « Décollation de saint Jean-Baptiste, surmontée de la Madone de la Miséricorde étoilée ». Côté Evangile, une « Sainte Famille avec saint Charles Borromée et sainte Catherine de Sienne » (XVIIème siècle), et « Saint Pierre et saint Lazare » (XVIIème siècle), d’une composition effectivement tardive, malgré les positions en pieds des personnages représentés, saint Lazare ayant un couteau planté sur le crâne (plus tôt, il aurait été poignardé dans le dos). Côté Epître, « Jésus au Temple devant les Docteurs de la Loi (sans doute du XVIIIème siècle), puis une « Madone de Fenestre accompagnée de sainte Anne et de saint Jean l’Evangéliste », daté de 1655 et signé par Iohan (Jean) PLENT. Deux autres tableaux sont jugés « indéchiffrables » lors de l’inventaire du début de notre siècle.

 

                La chapelle des pénitents blancs, sous le vocable de la Très Sainte Croix est la plus récente, (vraisemblablement édifiée au XVIIème siècle) mais aussi la plus richement ornée. Un acte notarié de 1689 [63] fait apparaître une chapelle jusqu’alors inconnue placée sous le vocable de la Madone du Portalet. Nous pouvons l’identifier comme étant notre chapelle, construite alors hors-les-murs, au-delà de la place du Portil qui formait l’aboutissement du village. Il est fort probable qu’à cette époque ses dimensions n’étaient pas celles que nous connaissons aujourd’hui. Les nombreux remaniements que nous offre le mur extérieur sud sont là pour nous le confirmer. Ses stucs s’étalent sur de vastes surfaces. Elle renferme les plus vastes tableaux, au nombre de 9, mais aussi 3 plus petits, dont le sujet a échappé aux fidèles comme aux agents des Domaines. Quelques pièces du culte sont en argent. L’espace intérieur permettait d’accueillir un grand nombre de fidèles, membre de la confrérie. Dans son aménagement intérieur, elle est en tout point comparable à la chapelle des Pénitents blancs d’Utelle, sinon pour le choix des sujets représentés.

 

                Les chapelles sont naturellement des bâtiments attrayants, révélant une culture et un intérêt certain pour celui qui cherche à mieux appréhender un milieu. Celles de Saint-Martin Vésubie permettent de mieux comprendre une histoire locale oubliée. Elles sont le révélateur des sentiments des habitants du village, soulignant leurs rapports très étroits avec la Religion, l’interpénétration de ses rythmes avec ceux de la vie quotidienne. Lieux de vie, elles sont marquées par la présence humaine et ses manifestations les plus ostentatoires. Mais le destin même des édifices, scandé par des points forts (érection, restauration, ruines) nous fait entrer dans les particularités de l’histoire locale. Saint-Martin s’est édifiée sur plusieurs siècles, pénétrant et s’appropriant successivement les quartiers qui forment aujourd’hui son terroir. Par l’histoire des chapelles, nous pouvons découvrir cette lente conquête de l’espace, symbolisée par l’implantation de l’édifice, qui renforçait ainsi son caractère communautaire en en marquant le terme.

 

                Œuvre collective, la chapelle a vécu tant que la Communauté (L’Universitas médiévale) a existé. A la fin du XIXème siècle, l’ouverture sur l’époque contemporaine et le déplacement de la population vers le littoral aidant, la cohésion nécessaire à la survie des symboles du village s’est progressivement estompée. Elles ont souvent été sacrifiées à la modernité. Notre siècle, particulièrement déchristianisateur, n’a fait qu’accentuer la décrépitude des chapelles, dont la plupart ne pouvaient même plus, dans leur majorité, revendiquer leur caractère indispensable au culte local. Par un juste retour de l’histoire, elles forment aujourd’hui un élément nécessaire dans le paysage culturel de notre village, point d’orgue de son passé historique, qui parvient ainsi jusqu’à nous. Elles sont les représentantes d’un patrimoine commun de notre histoire.

-----

[1]  - Eric GILI, Président de l’Association Montagne et Traditions (Musée des Traditions et Centre d'Etudes Vésubiennes), est professeur d’Histoire-Géographie au Collège de la Vésubie, chargé de cours à la Faculté d’Histoire de l’Université de Nice Sophia Antipolis, est également Conseiller de M. le Recteur d’Académie de Nice pour le Patrimoine. Mène actuellement des recherches doctorales sur le village de Saint-Martin-Vésubie

[2]  - Cyril ISNART, Chargé de la Conservation du Musée des Traditions Vésubiennes, est étudiant en Maîtrise d’Ethnologie, en charge du Laboratoire de la Faculté de Nice Sophia Antipolis.

[3]  - E. GILI Fondateurs et propriétaires de chapelles à Nice (XIVème-XVIIIème siècles). Etude sociale, Mémoire de Maîtrise, Nice, 1991

[4]  - Elle peut être l’œuvre d’un particulier, d’une confrérie ou encore de la communauté elle même.

[5]  - P. GIOFFREDO Storia delli Alpi Maritime, Turin, 1839, en donne un premier exemple en 1047. A cette époque, Rostang donnait (ou restituait) le site d’Andobio aux Bénédictins, sans doute ceux de Pedona (aujourd’hui Borgo San Damlazzo), avant de revenir sur sa donation au profit de l’évêque de Nice.

[6]  - L’évêque de Nice est alors Raymond Ier. Cette donation ressemble plus au modèle de la cérémonie d’hommage, puisque le prélat rend la moitié des terres données à Rostang, contre la reconnaissance de son hégémonie. Le quartier de la rive droite du vallon du Boréon est d’ailleurs appelé Condamine jusqu’au XVIIème siècle, rappelant la co-seigneurie laïque et ecclésiastique que ce document nous présente. La même année, l’évêque de Nice refuse de céder des droits de chasse au même Rostang, nous donnant une preuve supplémentaire de sa toute puissance, qui l’autorise à imposer sa vindicte aux grands seigneurs féodaux. C’est alors l’époque de la Trêve et de la Paix de Dieu, du renouveau de la puissance Ecclésiale.

[7]  - E. CAIS de PIERLAS Cartulaire de l’Ancienne cathédrale de Nice, charte n° 9, Turin, 1888

[8]  - A.D.A.-M., série E dépôt 3, AA 1.8

[9]  - L. RAIBERTI Saint-Martin et la Madone de Fenestre, rééd., Serre, 1983. Il s’agit d’une interprétation personnelle de l’auteur, qui croit déceler la présence de cette annexe. Je l’accepte comme telle, sans me prononcer pour autant sur son existence.

[10]  - D’après une publication in occasione delle 421 edizione della Fiera Fredda, « San Dalmazzo di Pedona, un’abbazia tra Provenza e pianura Padana », numero uncico di Dalmatiana, dic. 1990 : l’ouvrage retrace un parcours des dépendances de l’abbaye, en 1246, et notamment Saint-Laurent d’Ilonse, Sainte-Marie du Plan de Castellet-les-Sausses, et Saint-Pons de Peyrescq, qui me paraissent offrir un « modèle » des édifices de l’ordre.

[11]  - Une campagne de fouilles devrait permettre d’en préciser les limites, mais aussi l’essentiel de la structure.

[12]  - A.D.A.-M., 3P 1304, Etat de sections, cadastre « Napoléonien » (1876)

[13]  - A.D.A.-M., série E dépôt 3, BB 1

[14]  - Le mouvement des Pénitents prend naissance en Italie du Nord, au XIIIème siècle, répondant aux attentes millénaristes des fidèles après les prédictions enflammées de Joachim de Flores. Les confréries de Disciplinants connurent alors un formidable développement. Assagies et contrôlées par l’autorité ecclésiastique, elles pénétrèrent profondément dans nos vallées

[15]  - Généralement la confrérie du Saint-Esprit, qui confondait la personne spirituelle et juridique e la communauté. La « Maison Commune » est alors appelée à Saint-Martin Casa del Sant’Esprit

[16]  - A.D.A.-M., série E dépôt 3, CC 6

[17]  - Saint-Martin en compta jusqu’à 3 en activité à la fin du XVIIème siècle. Certains sont déjà connus dès le XIVème siècle, mais pendant l’époque Moderne, nombre d’entre eux n’exerçaient pas directement. Ils participaient alors à la gestion de la Commune, occupant les postes de secrétaire, ou même de syndic.

[18]  - A.D.A.-M., série 3E 86/6, f° 170, testament  de Don Giuseppe et Don Gioanni FILIPPI, de feu Noble Bartolomeo …. « que nos héritiers fassent célébrer immédiatement après leur décès de l’un ou de l’autre 200 messes pour chacun en refrigerio de leur âme pour chacun d’eux, avec l’aumône de 10 sous l’une, et les autres messes le jour de leur respectif décès et une fois seulement … outre la messe solennelle de Requiem … une pour chacun d’eux »

[19]  - A.D.A.-M., série E dépôt 3, AA 1.17

[20]  - A.D.A.-M., série E dépôt 3, CC 1 (circa 1490)

[21]  - A.D.A.-M., série E dépôt 3, BB 1

[22]  - E. CAIS de PIERLAS - G. SAIGE Chartrier de l’abbaye de Saint-Pons hors-les-murs de Nice

Monaco, 1903, p. 15, n° 5

[23]  - A.D.A.-M., série E dépôt 3, BB 1

[24]  - A.D.A.-M., série G, mazzo 1

[25]  - A.D.A.-M., Op. Cit.

[26]  - A.D.A.-M., série E dépôt 3, CC 5

[27]  - GIOFFREDO P. Storia delli Alpi Maritime, Turin, 1839

[28]  - DURBEC ....

[29]  - En 1125, après 6 ans d’affrontement, est conclue une paix qui partage la Provence entre les divers prétendants : Raymond Bérenger III de Barcelone, qui avait épousé l’héritière du comté, Douce, s’opposa au comte de Toulouse, Alphonse Jourdain, qui obtient l’attribution de ce qui devint le Comtat (Venaissin). Un troisième concurrent devint Comte de Forcalquier, avant que ce bien ne revienne à l’héritage proprement provençal.

[30]  - A.D.A.-M., série 2G 42 et 48

[31]  - A.D.A.-M., série 3E 86/6, f° 74

[32]  - Ibidem : « en suffrage de son âme 8 messe à chacun des autels de l’église paroissiale, ce qui donne en tout 56 [...], que mon fils et héritier fasse célébrer dans l’année qui suit ma mort 8 messes à l’église de la Madone Très Sainte des Fenestres, 8 autres messes dans la chapelle Saint-Antoine, 8 messes dans la chapelle de Saint-Grat, 8 autres messes dans celle de Saint-Nicolas, 8 messes dans la chapelle de la Très Sainte Trinité, 8 autres messes dans la chapelle des Disciplinants (Pénitents blancs), 8 autres messes dans celle des Confrères de la Miséricorde, à l’autel de la chapelle de Sainte-Anne 8 messes, comme pour ceux des chapelles Saint-Lazare, Saint-Joseph, Saint-Sébastien et Saint-Bernard 8 autres messes, toutes ces chapelles situées sur le territoire de Saint-Martin, et une fois seulement »

[33]  - A.H.D.N., 4F 8, 11 & 12

[34]  - L. RAIBERTI Op. Cit.

[35]  - A.H.D.N.

[36]  - A.H.D.N. , 4F 11

[37]  - A.D.A.-M., série 3V 508

[38]  - A.D.A.-M., série 3P 1305

[39]  - C’est à la suite d’une présentation publique que MM. Henri GIUGE et Alain MARTIN me proposèrent cette carte postale, en indiquant le bâtiment dont il est question, offrant une base commode à la recherche archivistique. Qu’ils en soient vivement remerciés.

[40]  - A.M.S.M.V., délibérations municipales

[41]  - A.H.D.N., archives paroissiales de Saint-Martin Vésubie

[42]  - Ibidem

[43]  - A.H.D.N., 1D 219

[44]  - Information de M. Alain MARTIN, entrepreneur, ayant participé à sa « restauration ».

[45]  - L. RAIBERTI Op. Cit.

[46]  - J. DURBEC, in Nice Historique., Une série d’études récentes, menées par les Centres de Recherches Médiévales (RAZO…) confirment ses affirmations.

[47]  - Information communiquée par Soeur Alexis.

[48]  -  A.D.A.-M., série G, mazzo 1

[49]  - A.C.S.M.V. délibération municipale du 22 mai 1880

[50]  - A.D.A.-M., série E dépôt 3, CC 6 à 13

[51]  - A.D.A.-M., série E dépôt 3, AA 1.31

[52]  - L. RAIBERTI Op. Cit.

[53]  - A.M.S.M.V., délibérations municipales

[54]  - A.D.A.-M., série 2 O 1

[55]  - A.D.A.-M., série E dépôt 3, CC2

[56]  - A.D.A.-M., fond de la Préfecture 41 S  pièce 11

[57]  - A.H.D.N., complément Archives paroissiales, dossier n° 10

[58]  - A.H.D.N., 1D 229

[59]  - A.H.D.N., 4F 12

[60]  - A.M.S.M.V. délibération municipale

[61]  - A.D.A.-M., série 3V 216

[62]  - A.D.A.-M., série E dépôt 3, BB 1

[63]  - A.D.A.-M., série 3E 86/7


Saint-Martin-Vésubie


Roquebillière


Parc National du Mercantour

-------

Sites amis

Portail Vésubien
L'actualité de la vallée

Anes de Blore
Randonnée

Education à l'environnement
dans le haut pays niçois
faune, flore, photos

 

Jardinage traditionnel
en Provence

légumes, fleurs, fruits
culture, soins

Les Moyens Pays
de la Région PACA

fiches pédagogiques pour l'éducation à l'environnement

 

Association de Chasse de la Haute Vésubie

   

---
Précédente | Remonter | Suivante  
Haut de la page   

 

 

 

Site mis à jour le 20/04/2016

copyright © 2004-2013 AMONT