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Les Trevelins, Biffou

 

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et Homme Sauvage, fonds culturels païens de la Vésubie[1]

 GILI Eric

Le thème carnavalesque est encore fortement présent dans la vallée de la Vésubie. Il se re matérialise toutes les années dès le Jour de l’An passé, pour se concrétiser lors des « vacances d’hiver » par le déroulement du Carnaval officiel. Celui de Saint-Martin-Vésubie fait encore référence. Il conserve d’importants caractères archaïques qui en font l’originalité. Les aspects économiques et touristiques de cet événement n’arrivent pourtant pas à occulter une véritable profondeur culturelle, dont les organisateurs et participants sont encore imprégnés. Même si peu d’entre eux sont véritablement capables de vocaliser pareilles informations, la notion d’immuabilité leur apparaît comme un argument suffisant au déroulement de la fête. Ainsi, pour renouveler la tradition, l’équipe organisatrice répartie chaque année les rôles. Au plus loin que nous le montre notre documentation, il s’agit d’une véritable organisation institutionnalisée lors du grand Parlement de la Pentecôte, où tous les chefs de familles se retrouvent pour élire leurs représentants et les officiers de la Commune. Parmi ceux-ci, deux abbats sont nommés pour l’année. Ainsi, le 9 juin 1699, les Abbatj nommés sont Messirs Jean Ludovic PLENTO et Ciprien MATTEUDO [2] ;  Ou, bien plus tard, le 30 décembre 1784, les Abbati della Gioventù sont Joseph INGIGLIARDI de Pierre Honoté, et Félix INGIGLIARDI de Messir Antoine [3]. La Mémoire Orale, portant sur la période du siècle passé, nous rappelle que la présentation des Abbats a lieu « pendant la messe de Minuit, en costume solennel, avec chapeau noir et hallebardes nues … ils ont été nommés à la fête des Innocents, le 28 décembre, par le Conseil Municipal, pour s’occuper des fêtes pendant l’année »[4]. La disparition du grand Parlement de la Pentecôte a sans doute obligé le transfert de cette nomination lors des moments solennels de l’année. Ils ont pour rôle d’organiser, entendons « encadrer » les festivités de la Jeunesse du pays, afin d’éviter de trop forts dérapages. La visite de l’ancien Abbat dans les familles « garantit aux pères la bonne tenue des festivités … par l’autorité et la dignité de sa charge, … la jeune fille manifestant son acceptation en accrochant un ruban  au fer » de la hallebarde ainsi décorée [5]. La présence historique des Abbats permet d’imaginer, en négatif, un temps où la législation locale n’avait pas encore stabilisé pareil déroulement, où la Jeunesse, pouvait effectivement intervenir comme une organisation naturelle, sous le couvert des règles sociales, pour proposer une alternative à la « société des pères ».

 

Plus proche de nous, pour Saint-Martin-Vésubie, Jean PLENT racontait encore en 1980 [6] que les abbats étaient nommés le jour de la fête des Innocents (28 décembre) par le Conseil Municipal : « l’abba-vielh et l’abba-jouve. Le premier, c’était un homme marié, l’autre un jeune. Ils organisaient la fête du Carnaval ». Et plus loin : « la période du Carnaval commençait le soir des Rois à l’Epiphanie. Ils allaient dans les maisons, ils faisaient toutes les maisons... et il y avait les dominos, les arlequins, on les appelait les trevelins. De ceux-là on en avait peur. Ils sortaient avec les bâtons et ils tapaient dur. C’étaient des drôles à ce moment-là. Il y en avait [qui] étaient capables d’aller vous faire flamber une grange avec les bêtes dedans. Si vous aviez une discussion, ils allaient vous ‘faire courir les souris’ (mettre le feu) comme ils disaient... ».... « les enfants avaient peur des gens qui se déguisaient. D’après eux, c’étaient des ‘mascas’ ... et puis, à ce moment-là, les types qui se déguisaient étaient un peu à moitié sauvages ! ils avaient un peu du Moyen Age ... et ils frappaient dur, aussi. C’étaient les types qui se déguisaient pour le Carnaval ». Prenons son témoignage dans sa totalité. Nous y reviendrons en détail.

 

Le personnage central de notre Carnaval est donc cet être bariolé, déguisé, dont « on ne connaît pas l’identité » et dont on ne sait plus s’il s’agit bien d’un homme ou d’une représentation : le Biffou ou le Trevelin. L’être que nous appelons aujourd’hui Biffou à Saint-Martin était aussi appelé Trevelin, comme le rappelait J. PLENT.

 

La recherche sur le trevelin a débuté à la suite d’une opération pédagogique menée au Collège de la Vésubie [7], autour du thème carnavalesque. L’Office du Tourisme de Nice offrait la possibilité à nos élèves de participer au Grand Charivari 2000. Pour les participants locaux de cette opération, il s’agissait d’y conférer un véritable caractère culturel et éducatif, rendu possible par le prétexte festif. Il s’agissait de donner un sens aux manifestations carnavalesques que nos enfants considéraient, tout naturellement, comme véritablement folkloriques.

 

Il aurait été alors logique d’utiliser le dernier représentant « vivant » de cette sociabilité carnavalesque, représenté par le Biffou de Saint-Martin-Vésubie. Mais devant l’impossibilité de convaincre certains responsables du Carnaval du rôle culturel que pouvait avoir notre Biffou dans cette manifestation à Nice, même déclinée sous le mode pédagogique, et pour ne pas envenimer une situation déjà complexe, nous avons recherché son équivalant dans la vallée.

 

Pour cela, nous avons fait appel, par l’intermédiaire de l’une de nos élèves, aux « anciens » de Belvédère, qui se souvenaient de la présence des trevelins lors de leur carnaval. Après deux rencontres d’études à la Mairie de Belvédère, organisée par M. José CATANIA et M. Henri EUSEBI, MM. CASTELON et GIACOMO nous ont fait le plaisir de venir au Collège pour raconter aux élèves les temps où apparaissaient li Trevelins.  La période était propice, et nous avons pu ainsi reconstituer une première forme de son apparition.

 

Ils apparaissent dans la nuit qui précède celle des picouns, qui est encore en vigueur aujourd’hui. Le personnage se présentait comme un être issu de l’espace sauvage, habillé en lambeaux, masqué, « le plus fort du village ». Des attributs que nous développerons par la suite.

 

Nous avons donc reconstitué avec nos élèves un projet symbolique, après leur avoir expliqué ce dont il s’agissait. La bannière du Collège servait de ‘lieu au pouvoir civilisateur’ que le trevelin frappeur était obligé d’aller embrasser pour être « civilisé » et admis dans la société moderne, dirions-nous. Cet ultime épisode venait à la suite d’une « poursuite » symbolique, où chacun des deux Trevelins présents entraînaient une farandole d’élèves, sensés leur courir après. A un certain moment de la danse, la première farandole entoure la seconde, de manière à créer un espace clos, puis, dans celle enserrée, le Trevelin, pris au piège, est assailli par les jeunes. Il frappe, se défend, mais finit par succomber pour être ensuite traîné jusqu’à la bannière... Il s’agissait évidemment d’une représentation, mais qui cherchait à conserver certains aspects symboliques de l’épisode des Trevelins.

 

Cette première représentation, par laquelle nous recherchions humblement à retrouver un sens explicatif, nous a pourtant permis de comprendre qu’il existait auparavant le même type de représentation dans l’ensemble de la vallée, sous des formes qui variaient sûrement quelque peu, sans pour autant être véritablement différentes. Tous participaient au cycle des fêtes d’hiver [8], qu’ils marquaient par leur présence dans certains moments forts.

 

Rappelons les biffous que nous connaissons encore à Saint-Martin et qu’un témoignage ancien nomme expressément Trevelins (d’ailleurs toujours au pluriel), l’Homme Sauvage dont nous conservons le souvenir à Venanson, et aujourd’hui les Trevelins de Belvédère et de Lantosque, dont nos amis de Belvédère nous ont dit être le dernier à avoir été représenté, peu après la dernière guerre.

 

Tentons, au travers des trevelins et de l’image qu’ils donnent, de retrouver quelques fragments de la signification du personnage et de son rôle.

 

Les trevelins apparaissent être « les personnages centraux » du Carnaval. Cette époque festive s’étend de la Noël au Carême, pour connaître son moment fort au moment du Mardi Gras. Dernier moment où la folie populaire peut s’exprimer avant les temps du Carême, qui deviennent ceux de la période de la soudure, la plus difficile à vivre dans l’année, en attendant la nouvelle récolte. C’est également la fin de l’année « païenne » [9] qui se marque, en cette période de renouveau, par le retour de la sève et de la vitalité naturelle, mettant fin à la dormance de l’hiver. Cette conjonction de faits a été depuis fort longtemps soulignée par différentes populations, et transcrite par les fêtes carnavalesques. Cette antériorité pré-chrétienne peut être rappelée au travers des représentations de la Comedia dell’Arte [10], qui met en scène un personnage appelé Trevelino et dont la « généalogie » permet d’être rattaché à l’Arlequin plus communément reconnu. Certains auteurs n’hésitent pas à rattacher cette tradition latine aux plus anciennes fêtes romaines, et principalement à celles des Lupercales, en l’honneur même de la fondation de Rome [11]. Il s’agissait alors pour des jeunes gens de l’aristocratie de La Ville, de commémorer la fondation de la Cité dans un rite qui pouvait être considéré comme propitiatoire et fertilisateur. A demi-nus et seulement recouverts de quelques peaux d’un animal sacrifié, les membres de ce collège renouvelaient la délimitation territoriale symbolique de la fondation de la cité, et, par extension, de la civilisation, autour de la colline du Palatin[12]. Par leur parcours, ils permettaient d’identifier « l’espace civilisé ». Le sacrifice d’un animal leur fournissait des lanières de cuir taillées dans sa peau, dont ils se servaient pour frapper les femmes rencontrées. « Cette cérémonie mettait en scène le passage de l’état de nature et de sauvagerie à celui de civilisation et marquait la naissance de la communauté organisée ». C’est enfin dans le sens du renouvellement des forces productives annuelles qu’il faut comprendre les agressions, parfois assez violentes, des femmes rencontrées par les jeunes gens. « Vivifiant le sang », les lanières de cuir permettaient la réactivation des processus reproducteurs… Nos personnages carnavalesques en font encore tout autant.

 

La correspondance des grands thèmes décrits est troublante, et la succession généalogique par l’intermédiaire de la Comedia tend à confirmer la filiation. La ressemblance en devient évidente quand on découvre dans le Val di Fassa, région du Trentin (Italie), le personnage de bufon « chaussé de hautes bottes, vêtus d’un costume à damiers, pourvus de clochettes et d’un chapeau conique, l’Arlechign... » [13], dont « l’origine infernale ... et la permanence de leurs traits archaïques avant l’évolution vers le registre comique de la Comedia dell’arte » permet de légitimer les coups qu’ils essaiment aux personnes qu’il rencontre.

 

Parallèlement, si le phénomène carnavalesque est mondialement présent, ses expressions alpines semblent plus proches de nos modèles. Les temps d’hiver sont propices à ces manifestations, agissant hors des périodes de tribulations agricoles. Depuis le temps du Carnaval, qui représente a priori un terme annuel de cette période, nous pouvons y relever trois temps. Le passage à la nouvelle année, selon notre calendrier, en forme le second. Rappelons, à la suite de J.-D. LAJOUX [14] la présence des Sylvester, les « hommes des bois » de la nuit de la saint Sylvestre, en Suisse : « Des hommes se rassemblent ... dans quelques fermes à l’écart du village pour se vêtir des ... costumes ...enrichis d’un chapeau ... de lourdes sonnailles ... [allant] porter la prospérité ... Ils marquent leur arrivée par une danse des cloches ... une série de sauts et mouvements faisant vibrer leurs sonnailles... [les habitants] leur offrant du vin chaud et quelques pâtisseries pour les remercier de leur passage ». Cette description rappelle invariablement les pratiques du biffou Saint-Martinois, au détail prés.

 

Un dernier lien, également très étroit, peut être proposé avec les grandes fêtes hivernales, au moment de la fête patronale de Saint-Martin-Vésubie, le 11 novembre. Toujours en Suisse, « la saint Martin marque la fin de la dernière récolte... les enfants sculptent les racines ... avant de les transformer en lanternes... inaugurant les fêtes masquées de l’hiver... » [15], pratique qui existait encore dans les années 1980 à Saint-Martin, comme peut en témoigner votre serviteur, l’ayant pratiqué à la suite de son grand-père, sans doute un peu plus tôt dans l’année, quand venaient à mûrir les dernières courges. Evidemment, le sens d’une telle pratique m’était inconnu. La surprise d’un tel lien avec les temps carnavalesques n’en est que plus grande. J.-D. LAJOUX confirmant que « de la saint Martin à Mardi gras, toutes les fêtes autres que chrétiennes sont célébrées par des personnages déguisés portant souvent des masques... rites d’une religion polythéiste qui se perpétue dans l’arc alpin... les rites propitiatoires et de fécondité ... sont l’occasion de manifester une profonde reconnaissance envers les puissances bénéfiques ...» [16].

 

Terminons par le Carnaval, ou plutôt sa fin propre. A Saint-Martin-Vésubie, le « Roi » est mené au bûcher par les Pénitents blancs du village. Si A. CARENINI [17] y voit une influence niçoise, ce en quoi il a très certainement raison, l’auteur démontre qu’il s’agit bien d’une escorte funéraire. Cet ensemble festif est bien à mettre au crédit de la Jeunesse du pays, à laquelle est échue l’organisation des fêtes hivernales. Dans notre village, il s’agit bien d’une constante, le Biffou madje, aîné, étant choisi comme « le dernier marié de l’année ». Le Mardi Gras clôture donc bien un rite de passage dont la lecture doit s’effectuer à plusieurs niveaux. Pour le jeune homme, il quitte justement la Jeunesse, les Djouve pour l’âge adulte, celui du mariage, où il devra procréer. Il en a reçu l’autorisation par son mariage lui-même autorisé par les détenteurs du pouvoir, les pères de famille. Gage de fertilité, il est également, pour l’ensemble de la communauté, celui d’une saison agricole qui se présente nécessairement sous les meilleurs auspices. Ses coups de massetto, armes du Biffou avec laquelle il frappe indistinctement les personnes se présentant à sa portée, en ont été les révélateurs.

 

Les premières mentions historiques du carnaval dans nos régions apparaissent à la fin du XIIIème siècle. Il paraît alors un événement réputé, donc déjà ancien quand le Comte de Provence vient passer ces fêtes à Nice [18]. Par la suite, des mentions d’archives en font état, soit en précisant le coût de telles opérations, soit quand il s’est agit d’un événement qui aurait mal tourné et donné lieu à une action en justice. Le XVIIIème siècle est riche, par le fond conservé en Insinuation (inscription obligatoire en double de tous les actes) par le Sénat de Nice [19]. Quelques documents font état de condamnations, au mieux aux galères (la Marine Royale de Sardaigne avait en effet grand besoin de rameurs, et son lieu de mouillage était installé à Villefranche), au pire aux fourches, « avec application des fers rouges… » - je vous laisse imaginer ce dont il s’agit – pour de tels agissements : blasphèmes, violences et parfois meurtres, ou même simple agitation… Un exemple peut être présenté par un dénommé « Antoine », condamné à trois mois de galères pour avoir proféré des injures, tiré des coups de feu, malmené et violenté un couple mal assorti (un veuf ayant épousé une jeune femme…) pendant la période du Carnaval. Cet épisode, profitant du temps carnavalesque pour décliner un charivari [20] violent, avait donné lieu à une plainte et une condamnation. Le dépassement des normes avait été, dans ce cas, sévèrement puni. Une chance que le condamné n’ait pas blasphémé (l’acte ne le rapporte pas)… la punition aurait été bien plus lourde.

 

Les débordements carnavalesques furent, dès la fin du Moyen Age, objets de tentatives législatives. A. SIDRO cite un texte du XVIIème siècle où il est question de l’une de ces tentatives exprimées par l’autorité ecclésiastique envers ses propres membres : « ne doit pas danser ni en public ni en privé, ne pas regarder les gens qui dansent, ne pas porter de longs cheveux, de longues barbes, de souliers rouges ou verts en public… ne pas se promener la nuit venue, ne pas entamer de chants profanes dans les rues, ne pas exécuter de morceaux de musique, ne pas se masquer ». Cette attention est significative de la difficulté de réglementer de pareils moments, nécessaires à l’expression populaire, quels que soient les groupes sociaux concernés, n’excluant même pas les ecclésiastiques. Nous pouvons affirmer qu’une quelconque autorité ne put jamais véritablement encadrer ce moment de ferveur naturelle, ni lui imposer une quelconque loi jusqu’à la période de la Révolution Française (la suite nous échappe partiellement), puisqu’elle semble répondre à un comportement fort ancien, inscrit, comme nous l’avons démontré, dans les « moments » de l’année. Ce sentiment est partagé par J.-D. LAJOUX, qui rappelle que « les mobiles socio-politiques d’une fête changent ... en moins d’une génération » [21].

 

Car ce qui nous intéresse dans le phénomène carnavalesque est bien l’expression populaire la plus naturelle possible. Et celle-ci s’exprime autour de son personnage emblématique qu’est le trevelin que l’on propose également d’appeler biffou. Aucune différenciation ne mérite d’être tentée entre ces deux personnages, ni même avec l’Homme Sauvage, le propos étant de retrouver une racine commune à cette démonstration sociale si particulière.

 

Précisons les points communs à nos personnages. Tous sont fortement costumés, sans que celui-ci ne devienne un « uniforme ». Il s’agit de faire avec les matériaux disponibles, et il faut attendre le dernier demi-siècle pour voir se mettre en place une véritable panoplie qui se renouvelle que très partiellement chaque année, conservant les mêmes traits, au plus juste, dans un esprit de maintenir une image que l’on imagine immuable. Fausse idée à l’évidence puisque les effets et autres vêtements anciennement disponibles se caractérisaient par leur vétusté naturelle et par le peu d’originalité qui existait alors. La « mode » est alors une notion totalement inconnue de la majorité de la population. Les productions locales, comme celles issues des marchands ambulants, ne permettaient pas une grande variété de choix, la Vésubie étant connue pour produire des draps de laine et de chanvre.

 


 

Deuxième trait, tous font du bruit, à l’aide de grelots, clochettes ou même de véritables cloches (picouns). Cette particularité se retrouve dans tous nos villages, et est encore renforcée par la « nuit des picouns » de Belvédère, qui met en scène de manière démesurée le bruit que doivent naturellement produire les Trevelins, issus du monde sauvage, dont l’un des objectifs est de réveiller la nature endormie. Leur expression de nuit englobe le système de représentation dans une dramaturgie recherchée, « jusqu’au petit matin... où l’on se réveille enfin vers le printemps ».

Tous frappent. Et, malgré la forme plus « policée » revêtue de nos jours par les biffous, chacun mène la danse, et vient d’un « extérieur ». J. PLENT le rappelait dans ses souvenirs d’enfance « les types qui se déguisaient étaient un peu à moitié sauvages ! » et « ils frappaient dur, aussi »...

 

Une dernière approche mérite d’être rapportée, permettant sans doute de renvoyer nos modèles dans des sphères antérieures. Chacun se rapproche fortement d’un fond culturel plus large, que l’on retrouve dans l’Histoire à différentes époques, même si chez nous, les sources ne nous en indiquent la présence qu’au Moyen Age.

 

Renvoyons ces représentations dans une véritable Antiquité païenne, que l’on peut admettre comme une thèse d’aboutissement de notre recherche, puisque l’on reconnaît aujourd’hui que la christianisation de notre vallée fut très tardive (peut être seulement après l’An Mil si l’on s’attache à l’ensemble de la population).

 

Le mythe à la fois le plus ancien et le plus complet que nous connaissions, en nous limitant à notre civilisation d’inspiration greco-latine, est celui de DIONYSOS [22]. Dieu aux attributs multiples, il est associé à la fois à la nature végétale, aux progrès de l’hénothéisme et à la Résurrection. DIONYSOS est une divinité syncrétique, à la fois une et multiple. Par ses ambiguïtés, il s’attache à la civilisation en devenant progressivement le personnage essentiel de la représentation théâtrale. Le prisme latin nous renvoie une nouvelle fois l’image de la Comedia.

 

DIONYSOS est généralement connu pour être le dieu du vin. On compare souvent la diffusion de son culte avec celle de la culture de la vigne. Un fait certain est qu’il représente une forme nouvelle d’un culte très ancien, que l’on peut rattacher à celui de certaines divinités chtoniennes, liées à la terre, en opposition avec les divinités ouraniennes, celles des airs [23].

 

La première mention connue de son rôle est indirectement citée dans les poèmes homériques (épisode du Roi LYCURGUE – l’homme loup - qui tua son fils à coup de hache pensant abattre un cep de vigne, et fini par être écartelé pour que son pays retrouve la fertilité, avant que DIONYSOS, à l’origine de sa mort, ne le ressuscite). DIONYSOS est alors un dieu-enfant (un jouve), qui parcourt les régions du Proche Orient selon le modèle des processions, très peu ordonnées pourtant, usant des masques [24]. Ces caractères rustiques se retrouvent dans les exhibitions carnavalesques.

 

La folie, présente dès l’origine, est souvent liée à celle de l’ivresse. Mais il faut tout d’abord se replacer dans l’esprit grec qui fait de cet état un moment essentiel où la communication avec les dieux et les mondes infernaux est possible. Il s’agit donc d’un état recherché, correspondant à des réalités sociales fortes.

 

Le nom même de DIONYSOS est intimement lié à celui des rites orgiaques, qu’il faut concevoir comme une initiation, et non pas comme certains auteurs hellénistiques ou latins ont voulu le laisser entendre, comme des scènes de dépravation. Le Grec recherche le moment de la possession – la mania – dans laquelle il voit une marque divine. L’état de furor, de furie, est admis comme une autre manifestation propre à ces rites, rendue nécessaire par le contact divin [25]. L’homme ne peut supporter pareille épreuve sans en éprouver les dangers dans sa chair. Il suffit pour s’en convaincre de se rappeler l’importance des rites divinatoires, des pythies delphiennes qui sont consultées souvent après des centaines de kilomètres de déplacement.

 

Revenons au personnage de DIONYSOS. Le développement de la culture de la vigne offre un compromis acceptable avec celui de son culte, également conceptualisé comme civilisateur. Une grande majorité des Hellènes y voient le respect des anciens cultes et les progrès d’une religion plus proche de leurs attentes, offrant le parallèle avec le développement des cultes à Mystères.

 

DIONYSOS intervient dans un moment essentiel de l’année, celui de la fin de l’hiver. Il est en cela relié aux différents cultes agraires, dont il possède les attributs essentiels. A Athènes, les Dionysies se célébraient à la fin du mois de mars. Le défilé prenait fin avec le déroulement des grandes joutes théâtrales auxquelles le dieu présidait. Mais il s’agit déjà, quand nous pouvons les considérer, d’une forme épurée et urbanisée d’une manifestation aux racines plus anciennes.

 

Car un autre de ses attributs est celui de la représentation. Le masque et la comédie lui sont intimement adjoints. Et nous retrouvons ici les structures encadrant notre personnage.

 

Cet exposé rapide sur les caractéristiques de DIONYSOS a pour principal défaut de ne pas proposer de chronologie réelle à l’explication. La diachronie est pourtant nécessaire par le caractère multiple et adaptable du culte concerné. Souvenons-nous simplement que le temps du rite succède à une époque plus tardive à celui du mythe qu’il tente d’expliquer, de conceptualiser et de rendre intelligible, tout en ayant perdu l’essentiel de son explication. La seconde faiblesse est de ne pas faire le lien direct avec la civilisation latine qui nous est plus proche encore aujourd’hui. Mais cela est du essentiellement au manque de documentation qui puisse nous être propre. Il s’agit pourtant d’une constante que nous retrouvons sans trop de difficulté dans les rites latins. DIONYSOS est un dieu qui s’exporte, qui s’adapte, dont le syncrétisme revient tout naturellement aux Romains, à qui l’on attribue généralement cette qualité. Connaissant encore les manifestations des grandes Dionysies au début de notre ère, l’héritage en devient tout naturel. Notre région, tardivement romanisée, n’en a sûrement pas pour autant négligé l’adoption d’un dieu tel que celui que nous venons de présenter, capable de s’adapter à n’importe quel caractère local. Par une transposition osée, rappelons que les Lupercales romaines ne furent interdites qu’au Vème siècle de notre ère, à la suite des pressions chrétiennes.

 

Essayons maintenant de faire un parallèle entre le mythe et le personnage central du Carnaval. Pour cela, il est nécessaire de faire appel à un dernier relais. DIONYSOS représente l’être sacré sauvage, étranger, qui fait peur, et que l’on civilise, même au prix de l’assassinat rituel du roi local [26]. C’est le cas de LYCURGUE, que l’on n’hésite pas à sacrifier afin que la communauté retrouve la prospérité. Le parallèle est alors saisissant avec le roi du Carnaval, dont on sait qu’il représente symboliquement ce sacrifice. La scénographie affichée par DIONYSOS dans cet épisode peut être rapprochée de notre mise en scène carnavalesque.

 

L’être étrange arrive de l’extérieur du village représentant l’espace civilisé. Il est tout naturel de concevoir une lutte pour l’introduction et l’imposition de la nouveauté à un système déjà en place. Tel le faisait encore le trevelin quand il arrivait dans le village. Représenter DIONYSOS comme un être noble est déjà une évolution interne au mythe, car il s’agit bien d’une confrontation de civilisations. Le trevelin civilisé de force représente alors une véritable inversion de la victoire, non plus remportée par le village « civilisé », mais par l’étranger qui a su se faire admettre. Nous retrouvons le rite de passage.

 

Allons plus loin encore quand on s’attache à la peur engendrée par sa présence. Il faut lutter contre, dans une sorte d’exorcisme purificateur (une catharsis). Au travers de sa présence, c’est toute la peur de l’autre, les différents mythes assimilateurs, qui entrent en jeu. On assimile l’étranger à un animal, puisque l’on ne connaît pas ses principes. On lui attribue une déchéance humaine, le livrant à la violence de ses instincts (retrouvons dans ces principes fondamentaux les traces des agissements des trevelins et des biffou), tout en acceptant implicitement une certaine « humanité », salvatrice pour les deux faces de l’Homme ainsi exprimées. DIONYSOS les incarne, puisqu’il représente aussi ce qui est le plus honni : le « dévoreur de chairs crues », en se rappelant les expressions de ses ménades, femmes possédées partant dans la montagne dévorer tout ce qu’elles rencontrent, au nom d’une mania divine cultuelle. Il est « le miroir de l’Autre, le Sauvage » [27]. Mais il est aussi le dieu de l’inspiration, de l’enthousiasme, qui ne connaît pas les limites imposées par l’ordre social, et en cela, devient l’inspirateur carnavalesque principal. Et le trevelin a tous les droits, même après que les autorités, soucieuses de ses débordements, aient imposé l’encadrement des abbats, chargé d’une certaine tenue de la fête. C’est enfin à la Jeunesse, aux forces vitales de la communauté, qu’incombe le devoir de le maîtriser, dans une sorte de retournement suprême des valeurs.

 

Les liens entre le temps carnavalesque et les grandes cérémonies païennes de renouvellement de la nature ne sont plus à démontrer. La religion chrétienne habilla au mieux ces temps trop profondément ancrés dans l’imaginaire humain pour qu’ils en soient bannis. A travers eux, ce sont les plus vieux mythes explicatifs qui continuent à se survivre. L’inquiétude pour la nouvelle saison qui permettra de survivre, les rites propitiatoires qu’elle rend nécessaire. L’appel en des divinités réellement efficaces, que les temps ont forgé. Et dans ce schéma proposé, l’identification à un être proche des hommes par son apparence, mais étranger car venant de l’extérieur, donc dangereux. Frappeur, scandaleux car faisant ressurgir les peurs enfouies de l’homme, et qui, pour cela, doit être soumis sinon détruit. Le trevelin, le biffou, et plus généralement celui que l’on appelle « L’Homme Sauvage », en représentent encore de nos jours l’image. Ils sont la réminiscence d’un passé lointain, où le monde paraissait enchanté aux hommes. Ils s’inscrivent définitivement dans une périodisation annuelle des fêtes d’hiver, même s’ils en forment aujourd’hui les derniers éléments représentatifs. Ils contribuent pourtant à conserver les traces « des temps où la nuit faisait peur ».


 

ANNEXE

Relevés Cyril ISNART

 

Ce relevé est le fruit d'un travail collectif. D'une part, les élèves et les enseignants de l'Atelier Patrimoine du Collège de la Vésubie ont assuré le recueil de la mémoire des anciens de Belvédère. D'autre part, le Centre d'Etudes Vésubiennes et la Municipalité de Lantosque ont organisé une soirée au cours de laquelle les Lantosquois ont évoqué le Carnaval. Il s'agissait de re-découvrir une tradition majeure du cycle de Carnaval dans la Vésubie : la sortie d'un personnage rituel, le trevelin. Ses attributs peuvent varier, mais le nom était le même de Lantosque à Saint-Martin-Vésubie[28]. De manière générale, ce personnage s'inscrit parfaitement dans la longue série des personnages rituels carnavalesques des Alpes, depuis la Savoie jusqu'en Europe Centrale. Les informations recueillies valent à Belvédère pour la période précédant la première guerre mondiale, à Lantosque, jusqu'aux années cinquante.

 

Belvédère

«Le trevelin c’est une vieille tradition qui remonte au moins à cent, deux cents ans en arrière. Ça a dû s’arrêter vers 1914, et nous on s’en souvient pas vraiment. On vous dit surtout ce que nos anciens nous en disaient. On choisissait deux ou trois types des plus balès (costaud) du village. Il fallait qu’on les attrape, ils étaient tout mascarés, déguisés avec un grand chapeau pointu sur la tête. A Belvédère, ils avaient un bâton en caoutchouc et on essayait de les attraper même s’ils étaient les plus costauds, on s’y mettait à plusieurs. Puis il fallait qu’on aille lui faire embrasser le trou de la serrure de l’Eglise. Alors on l’avait battu. Ça représentait le démon, une sorte qu’il fallait battre. Ça nous portait soi-disant préjudice sur les campagnes : c’est lui qui faisait grêler au mois de juillet, c’est lui qui faisait venir les avalanches. Alors il fallait le battre. Et comme on prenait toujours les plus forts, ça veut dire qu’il était puissant.

On l’amenait embrasser le trou de la serrure de l’église, pour qu’il devienne chrétien. C’était le sauvage du village, qu’il fallait ramener sur le droit chemin…

Les trevelins pouvaient être trois ou quatre. Ils étaient habillés comme un style de militaire avec un chapeau pointu, des clochettes dans les jambes. Ils passaient à minuit dans les rues. Les gens en avaient peur. Mes parents me disaient « Ce soir, le trevelin passe ! Alors attention ! » Et nous on avait peur et on y croyait. De la maison, avec son chapeau qui dépassait, on le voyait très bien par les fenêtres.

On les voyait jamais s’habiller, ils se déguisaient dans une grange, dans un quartier autour du village. Ils venaient ensuite à l’intérieur du village. Mais même les familles ne savaient pas qui ferait le trevelin. C’était le secret. Ça se cachait pour ne pas se faire reconnaître. »

 

Lantosque

Le costume était constitué de lamelles de tissus de manteaux militaires de couleur vert de gris, tissés pour former une combinaison avec une cagoule. Une ouverture devant le visage était recouverte d’un grillage fin amovible (aragna). Un ceinturon sur lequel étaient cousus de nombreux grelots (cascavéliéro) serrait la taille. Les costumes, au nombre de quatre ou cinq, étaient tous fabriqués par M. Dragon, tailleur au village.

Quelques jeunes hommes solides et très forts décidaient, un samedi soir de Carnaval de « faïre lou trevelin ». Ils montaient après dîner chez le tailleur, en cachette de leur famille et des autres villageois, pour louer le costume un ou deux francs. Ils se dévêtaient totalement et passaient le costume. A partir de ce moment, leurs actions étaient réglées par la tradition : ne pas émettre de son (cri, parole, souffle), sauter pour se déplacer, faire les sauts les plus dangereux (on a cité des sauts de 3 à 5 mètres), toujours se relever, ne jamais s’arrêter de sauter, courser les jeunes filles et les femmes, bousculer les hommes. On débutait par le village et vers 2 heures du matin, les trevelins passaient à travers les champs et les campagnes pour rejoindre les hameaux du village. Lantosque a cette particularité de posséder plusieurs hameaux distants entre 20 minutes et une heure et demi de marche. De plus, les terrains agricoles sont constitués de planches en pierres sèches qui aménagent la pente des montagnes. Les trevelins passaient ainsi toute la nuit sur le territoire de la commune en sautant par-dessus les murs et les plantations.

Chaque maison attendait la venue des trevelins et leur offrait à boire et à manger. Ils se tournaient contre le mur et ouvraient l’aragna pour pouvoir avaler. Ils ne s’arrêtaient qu’au retour au village le lendemain vers midi. Durant plus de 15 heures, les trevelins n’auront pas cessé de sauter, de se relever et de boire.

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[1] - GILI E. « Les Trevelins, ou l’Homme Sauvage, fond carnavalesque de la Vésubie », Pays Vésubien, 2-2001, pp. 79-89

[2]  - A.D.A.-M., Série E dépôt 3, BB 2

[3]  - A.D.A.-M., Série E dépôt 3, BB 12

[4]  - Souce H. MOUTON « Témoignage d’un Biffou », circa 1985

[5] - CARENINI A. « Abbé de Jeunesse et fêtes traditionnelles », s.d. s.r.

[6] - CUCURULLO J. Paroles d’un pays. La tradition orale dans les Alpes du Sud, Serre, 1983

[7] - Cf. Annexe

[8]  - KOCHTCHOUK O. Carnaval. Rites, fêtes et traditions, Coll. Archives Vivantes, Ed. Cabédita, 2001

[9] - FEDELE F. « Une obscure lueur préhistorique », in L’Alpe n° 10, Hiver 2001, pp. 6-10, qui rappelle que « dans l’univers allégorique du folklore ... on peut décrypter d’autres signes de ce rapport ancestral de l’homme à l’hiver en pays alpin ... [et que] l’attention de l’homme s’est posée ... sur le début et la fin de l’hiver ».

[10] - Mon attention a été portée sur ce sujet par M. Elie ROUBAUDI, que je remercie

[11] - GRANDAZZI A. « Rome : naissance d’une ville », in L’Histoire, n° 165, avril 1993,

pp. 24-31

[12] - DAVID J.-M. La République Romaine de la deuxième guerre punique à la bataille d’Actium. 218-31 av. JC, Coll. Points Histoire, H 218

[13] - POPPI C. « Sous le secret des masques », in L’Alpe, n° 10, Hiver 2001, pp. 25-28

[14] - LAJOUX J.-D. « La grande ronde des fêtes alpines », in L’Alpe, n° 10, Hiver 2001, p. 11-23

[15]  - Ibidem...

[16]  - Ibidem...

[17]  - CARENINI A. « Le marié mis en bière par ses célibataires même », in L’Alpe, n° 10, Hiver 2001, pp. 30-32

[18]  - SIDRO A. Le Carnaval... Op. Cit. Nice est alors une toute petite ville, regroupant environ  5 000 personnes, dont la principale activité provient encore de la campagne environnante. Nous n’imaginons pas qu’elle pu alors représenter un modèle urbain. Il parait plus certain qu’elle ait conservé ses attribus ruraux, et principalement dans ses manifestations carnavalesques.

[19]  - A.D.A.-M., Séries B et C

[20] - Sur le charivari et ses rapports avec les djouve, voir GINZBURG C. « Charivari, associations juvéniles, chasse sauvage », in Le Charivari (sous la Dir.) J. LE GOFF et J.-C. SCHMITT, Paris, 1981

[21] - LAJOUX J.-D. Op. Cit.  

[22]  - GRAVES R. Les mythes grecs, Pluriel, Fayard 1967

[23]  - GERNET L. Anthropologie de la Grèce Antique, Flammarion, 1982

[24] - GERNET L. Op. Cit.

[25] - DODDS F. Les Grecs et l’irrationnel, Flammarion, 1977, Appendice I – « Le ménadisme »

[26]  - MAFFESOLI M. L’ombre de DIONYSOS. Contribution à une sociologie de l’orgie, 1985

[27]  - DODDS E. R. Op. Cit.

[28] - Aujourd'hui, on nomme le trevellin de Saint-Martin-Vésubie le Biffou. Avant la deuxième guerre mondiale, il semble que le biffou se nommait aussi trevellin, in CUCURELLO J. Paroles d'un pays, La tradition orale dans les Alpes du Sud, Nice, Serre, 1985

 


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