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Histoire de la meunerie à Saint-Martin-Lantosque du Moyen Age au XXème siècle  [1]

 GILI Eric

L’histoire des moulins est liée à celle des communautés humaines. Seul un groupe humain socialement constitué et hiérarchisé peut investir dans un équipement commun aussi onéreux, devenant nécessaire quand l’activité agricole, et plus particulièrement céréalière se développe. Auparavant, la mouture était réservée à l’activité domestique individuelle, exclusivement féminine.

 

Plusieurs fragments de meules dormantes à usage domestique composée d’une sorte de gré au grain très fin, ont été retrouvés aux abords d’une grange [2], démontrant l’utilisation de pareille technique à Saint-Martin. Il n’a pas été retrouvé d’ « écrasoir ». Sa datation nous est impossible, mais l’enquête orale [3] a révélé que cette pièce était utilisée au début du siècle, comme simple pierre à aiguiser, alors que son usage initial s’était perdu. Dans ce quartier périphérique, il est probable qu’elle ait servi tardivement, en toutes périodes, comme appoint à la mouture plus « industrielle », afin de répondre aux besoins domestiques quotidiens. A la suite de la reconstitution sociale du début du IIème millénaire de notre ère, la communauté nouvellement constituée devait se doter d’une structure plus importante, capable de répondre à ses besoins. Cette structure devenait l’objet de toutes les attentions, créant de lourdes dépenses pour son entretien, grevant d’autant le budget communal, mais permettant, hors du pouvoir de contrainte, d’organiser et de réglementer une partie de la vie communale. Elle devient un élément essentiel de l’affirmation de l’identité de la communauté qui s’en sert et qui est capable de l’entretenir.

 

La faible documentation de l’époque Médiévale à Saint-Martin ne nous permet pas une étude approfondie de l’origine du phénomène avant le XVème siècle. Ailleurs en Provence, le développement d’une classe de petits seigneurs, appelée improprement « féodale » [4], s’est étendue. Ces individus sont attachés au service du Prince, le comte catalan qui les a soumis, parallèlement au mouvement qui leur a permis de s’imposer aux communautés déjà constituées, ou d’en créer de nouvelles [5]. Ainsi peuvent-ils imposer à ces dernières des taxes, dites banales. Le ban seigneurial, droit de contrainte pour l’utilisation payante de ces équipements pesait sur l’ensemble des soumis : un droit de mouture, que la coutume fixe jusqu’au 16ème de la quantité obtenue, une exaction que la communauté des habitants supporte comme de nature. Le terme de « coutume » lui-même s’emploie pour en fixer les racines, souvent obscures, si anciennes que la mémoire humaine, pas toujours très fiable ni très « ancienne » [6], a oublié jusqu’à son origine, même dans les terres où le droit écrit, romain, a survécu fortement atténué.

 

A Saint-Martin les archives nous permettent de rencontrer une communauté d’habitants solidement constituée. Dès le XIIIème siècle, elle est suffisamment organisée et puissante pour tenter de conquérir son autonomie. Elle est alors capable d’établir sa propre législation, ses « statuts », fondus très vite avant la fin du siècle dans ceux d’un territoire plus large mais cohérent, le Val de Lantosque [7]. Saint-Martin possède l’un des deux consulats alpins connu [8], au début du XIIIème siècle, lors de la re-conquête des Terres Neuves de Provence par Romée de VILLENEUVE, Sénéchal du Comte de Provence.

 

Le privilège de moudre les céréales au moulin du seigneur disparaît rapidement. Les ordonnances des statuts du Comté de Vintimille et du Val de Lantosque, baillie puis viguerie comtale, datés également du XIIIème siècle, attribuent aux habitants la liberté de mouture et de cuisson aux moulins et fours de la communauté [9]. Ils nous apprennent que ces droits appartenaient auparavant au Comte, biens régaliens qu’il détenait déjà depuis un ou deux siècles. Si nous n’en décelons pas cette activité auparavant, celle-ci est avérée par le paiement des dîmes au XIème siècle [10]. Nous ignorons malheureusement tout de la population qui les paie. Nous ne pouvons néanmoins l’imaginer productive sans qu’il n’y ait mouture du grain récolté. Cette action s’effectue alors probablement dans le moulin du seigneur, en un temps où celui-ci domine le versant d’Andobio [11]. La famille des seigneurs de Thorame, dont les premiers représentants sont connus dès la fin du Xème siècle, domine alors les hautes vallées occidentales de notre département.

 

L’établissement du village, au XIIIème siècle, fut peut être une œuvre seigneuriale comme l’indique Lazare RAIBERTI [12], ce qui indique que le régime de la mouture ne changea pas. A la fin du siècle, d’après J.-P. POLY [13], en Provence, le seigneur conserve ses prérogatives fiscales. C’est également un excellent moyen d’enrichissement pour certains « bourgeois ». Il s’agit des personnages les plus actifs et dynamiques de la communauté, seuls alors en mesure d’assurer l’activité du moulin au nom du seigneur. La consolidation de la Communauté de Saint-Martin, dès la fin du siècle, lui permis de bénéficier d’un ensemble d’allégements des charges seigneuriales. La situation de frontière, en marge des Terres Neuves de Provence, véritable Marche positionnée à proximité du Piémont et des terres du Comte de Tende, membre de la famille de Vintimille, permis à Saint-Martin de s’affranchir de ces contraintes. Les statuts de l’entité politique formée par le Comté de Vintimille et le Val de Lantosque, au milieu du XIIIème siècle, énoncent ces privilèges. Le Comte de Provence, roi de Naples, accepte de céder à cette même Communauté, interlocuteur privilégié du souverain, le droit de moudre et de cuire dans les moulins et fours royaux. Cette libéralité est prononcée au détriment des seigneurs locaux [14]. Ces droits sont renouvelés le 21 mai 1317 [15], prouvant par l’acte que des tensions continuaient à exister entre les différentes parties, et que le Comte prolongeait sa politique d’alliance avec les Communautés locales, garantes de la fidélité que ne lui assuraient plus les seigneurs profitant de son éloignement pour tenter de se rendre autonomes, jouant des premiers contre eux. Après l’appropriation des pâturages et d’autres droits régaliens concernant ses justices, le comte-roi fut contraint d’accepter ce renforcement du pouvoir communal. Les communautés forment alors sont meilleur soutien, malgré la Guerre de l’Union d’Aix [16] qui ouvre une période de profondes incertitudes.

 

La période suivante débute avec la dédition, ou devrait-on dire les déditions de 1388. Celle qui nous préoccupe concerne le Comté de Vintimille et notre Val de Lantosque, depuis longtemps unis en un seul bailliage (circa 1290), puis viguerie (circa 1345) [17]. Le changement de protecteur n’entrava pas le mouvement de conquête des droits seigneuriaux entrepris par les communautés. Malgré des aléas conjoncturels qui nous échappent sûrement, Amédée VII, le Comte Rouge, choisit, dès le 28 septembre 1388, de privilégier les communautés au détriment du pouvoir seigneurial. Ses successeurs immédiats prolongèrent cette politique. Les germes de l’établissement d’une volonté étatique apparaissent en cette occasion. Le représentant du comte de Savoie, le juge, siégeant à Sospel, ‘capitale politique’ de la viguerie, joue le rôle d’intermédiaire obligé. Des sentences sont prononcées par ses représentants, le 12 février 1391, allant dans le sens des communautés du Val contre ce que pouvaient espérer « certains nobles » [18], aboutissant à un renforcement des pressions sur les droits seigneuriaux que tenait encore la maison de Vintimille-Lascaris. Les dernières parcelles de droits sur les fours et moulins qu’ils pouvaient encore revendiquer sont cédés le 4 août 1400 [19]. La communauté de Saint-Martin n’eut plus à les défendre contre quiconque. Il s’agit pourtant d’une nouvelle occasion d’y entrevoir l’organisation de la mouture en ce lieu. La sentence judiciaire libérait les habitants de l’obligation ou des pressions dont ils étaient victimes, les obligeant à moudre leurs grains au moulin seigneurial, prouvant ainsi sa co-existence avec un autre établissement géré par la commune. Le seigneur perdait un dernier symbole de son ancien pouvoir de contrainte. Nous ne connaissons malheureusement pas la répartition sociale ni les réalités juridiques des individus à cette époque dans notre village, qui auraient permis de catégoriser les populations. Les seigneurs ont longtemps possédé des droits pesant sur les individus. A la fin du XIVème siècle, ils ne les tiennent plus, perdant les moyens de contrainte au profit du comte. Pourtant, la répétition même des interventions de l’autorité juridique du comte, trois en l’espace d’un siècle, souligne les tensions existant entre le seigneur et la Communauté. Par contre, pour pareille époque, le mode de fonctionnement des moulins et leur localisation nous échappent complètement.

 

L’édifice dans lequel se trouvent aujourd’hui les moulins de Saint-Martin, transformé en Musée des Traditions Vésubiennes, possède sur sa façade une pierre datée de la fin du XVIème siècle (1598). La restauration récente de l’édifice l’a malencontreusement placée trop haut sur la façade, sur un étage qui n’existait pas alors, mais le lieu où elle fut trouvée donne à penser qu’il s’agit d’un indicatif de restauration et non pas de création. Une autre indication provenant des archives communales, nous conforte dans cette idée. Le plus vieux cadastre de Saint-Martin (circa 1490) [20], étudié par J.-P. BOYER, nous présente quelques parcelles confrontant aux moulins communaux, prouvant leur présence sur le même lieu qu’aujourd’hui dès cette époque, au quartier du Pra Dragon. A contrario, aucune mention prouvant la jeunesse de son installation (mouli nuo ou neuf...) n’est reportée. Cette base documentaire, fort modeste, nous permet tout de même d’imaginer l’intense activité de ce moulin. Le parallèle entre la paix relative et la prospérité économique, relevée par J.-P. POLY pour la fin du XVème siècle et le début du XVIème, engendrait également d’importantes conséquences sur le développement démographique de cette époque, seulement troublée par la ‘chevauchée’ française consécutive au siège de Nice de 1543. Les moulins furent toujours favorisés par les temps de prospérité. La pierre gravée des moulins rappelle l’établissement d’une structure plus conséquente que celle qui préexistait, une époque où les moulins furent agrandis. Elle devait déjà comprendre les deux moulins que l’on retrouve sur la structure de poutres, à l’intérieur du Musée.

 

Un seul lieu d’extraction des meules est connu à Saint-Martin. Une mention isolée retrouvée dans les registres d’ordonnances communales du XVIIIème siècle [21] nous en présente une. Il s’agirait peut être de l’origine de la formulation de Lazare RAIBERTI, dont les assertions sont si souvent vérifiées. Celui-ci nous parle des « moulins de Saint-Nicolas », pour lesquels nous ne possédons aujourd’hui aucune trace, mais qui pourraient n’être en fait que le lieu d’extraction de la pierre à meule. Le 27 mai 1773, le baile du lieu fait comparaître Ludovic André GUBERNATIS, chargé de l’inspection des moles des moulins. Celui-ci, à l’instance de Pietro Antonio ASTRI, delliberatario della fattura d’una molle da molino a grano, se rend à Saint-Nicolas et ses vallons et procède à une visite d’inspection des moles de moulin. Le tailleur est trouvé au travail en train de faire... D’autres documents nous montrent les meules convoyées depuis le chemin muletier du Col Saint-Martin (la Colmiane), sans doute à l’aide d’un traîneau tiré par des bœufs ou des mulets. C’est alors le Valdeblore et ses carrières qui fournissent la matière première. Le coût d’une telle opération, dangereuse par le poids de l’objet, délicate par sa fragilité, obligeait la commune à de fortes dépenses, bien souvent renouvelées.

 

Le mode d’exploitation des moulins est formulé, autant que le laissent transparaître les archives, aux enchères publiques. Les adjudicataires de la ferme des moulins se voyaient imposer par les termes du contrat qui les liait à la Communauté le versement d’un droit aux Aumônes locales [22] : au Saint-Esprit, à la Madone de la Candeliera (le Luminaire), au Corpus Domini [23]. Chaque aumône s’établissait pour la contenance d’un panal de seigle, unité de mesure locale.

 

Toujours au XVIème siècle, la communauté tentait de réguler l’activité des moulins en la limitant par un effort législatif important. Le sujet est évoqué lors d’une session du Parlement Général des chefs de famille de la communauté de Saint-Martin [24], réuni dans le cimetière, devant la grande porte de l’église paroissiale, l’un des lieux traditionnels, unissant dans la décision les individus présents et la communauté spirituelle des disparus. Les fours et les moulins sont le plus souvent unis dans ces décisions, comme des éléments essentiels pour la vie collective. Ils voient leur activité interdite lors des fêtes solennelles de l’Eglise, moments de communion par excellence des membres de la communauté. Le contrevenant à ce précepte s’expose à l’amende de la communauté, mais aussi à celle du Fisc (entendons de l’Etat en construction), garant du respect des règles fondamentales de fonctionnement de la société, pour ½ écu à chaque fois et pour chacune des parties lésées, sommes prohibitives voulues comme telles : La communauté pour l’emploi abusif d’un équipement lui appartenant de droit, le Fisc pour contravention d’une règle morale et spirituelle (celle des jours chômés), dont il est le protecteur. L’ordonnance communale précise que l’auteur de cette infraction n’échappe pas pour autant au fors ecclésiastique, dont il reste justiciable.

 

A l’époque Moderne, l’exploitation des moulins est proposée aux enchères annuellement par la communauté [25]. Seule la mouture du grain est ainsi donnée. L’entretien incombe toujours aux finances communales. Ce sont des charges fort lourdes pour elles. Les travaux d’entretien du bâtiment, hors les cas où la négligence de l’adjudicataire (ou du meunier, qui est généralement une autre personne) en sont la cause, sont réglés par le budget communal (le causati), qui, sans prévoir ces dépenses, peut dégager les finances nécessaires, ou au besoin les obtenir par l’intermédiaire d’emprunts. L’essentiel des dépenses résulte du changement des meules. De très nombreuses mentions tirées des délibérations municipales rappellent la fragilité de leurs énormes masses, s’usant rapidement en raison du rythme imposé par les besoins en farine. Ainsi sont-elles régulièrement remplacées. En 1610, c’est par l’intermédiaire d’une nouvelle ordonnance que la communauté s’oblige à cette charge [26]. Cet ensemble législatif est repris au début du XVIIème siècle, rappelant les points essentiels de la réglementation communale.

 

Revenons à nos moulins du Pra d’Agout. Un rodet (virente, la roue horizontale qui reçoit l’eau actionnant les meules) du moulin doit être une nouvelle fois remplacé à la fin du XVIIIème siècle [27]. La communauté en règle la facture, par délibération municipale, à hauteur de 49 livres. Un siècle plus tard, nous constatons de nouveau le remplacement du rodet (per la mutazione del roetto del molino) [28], s’élevant à plus de 141 livres. C’est à Monsiur André GIUGE qu’en échoit la charge, assisté d’Antoine CIAIS, ce dernier recevant 20 sous pour sa journée de vacation. Ces quelques notes démontrent la fréquence et l’importance des travaux d’entretien de l’édifice et de son système mécanique. Elles soulignent encore la nécessité d’y pourvoir rapidement, pour limiter les temps d’interruption de l’activité, préjudiciables aux besoins des habitants.

 

Si les moulins sont une charge essentielle de la communauté, ils sont également une source de profit pour elle, au gré de la conjoncture économico-politique. Un exemple du début du XVIIIème siècle est en ce sens indicatif : en 1699, la communauté obtenait 1 150 lires lors de l’adjudication annuelle. Mais seulement 930 l’année suivante, puis 750 en 1701 [29]. La cause de cette importante chute des adjudications (- 35 %) est sans doute à chercher dans les effets induits par la guerre de Succession d’Espagne, qui sont ressentis au plus profond de notre vallée [30]. Cette perte des revenus des moulins communaux avait une autre conséquence pour les finances communales. Ils servaient directement à solder une part importante du donatif que la communauté ‘offrait’ au duc souverain, base du futur impôt permanent auquel elle était soumise. Ces pertes augmentaient sensiblement ses dettes, conséquences directes de bien des inféodations à la fin du XVIIème siècle. L’importance des enchères peut également servir d’indicateur de la santé ou des crises de la production agricole que traversait le pays. Il existe un rapport étroit entre les potentialités céréalières du terroir et celles des moutures espérées pour l’année sur laquelle s’établissait le revenu de la meunerie. Chaque accident conjoncturel était exploité par les adjudicataires pour faire baisser les montants des enchères.

 

C’est sur cette quotité que le meunier recevait son salaire. Ce droit lui confère une obligation supplémentaire de maintenance, qui décharge d’autant la communauté des frais d’entretien : en 1701, le moulinaïre « doit maintenir le fersamenta de mollini [31] ». L’essentiel de ses revenus profite pourtant à l’adjudicataire, le meunier restant un simple employé. Cela explique l’intérêt porté par les élites sociales qui n’hésitent pas à se partager tacitement l’ensemble des adjudications selon une série de rôles qui laissent transparaître l’équilibre des pouvoirs à Saint-Martin.

 

La liste des adjudicataires au XVIIIème siècle nous renseigne sur la main-mise opérée par certaines familles. Sur 54 mentions relevées, 18 concernent la famille ASTRI, 10 celle des CAGNOLI, Pierre André TESTOR conserve cette charge 6 années. Au total, ces trois mentions rassemblent près de 63 % des adjudicataires. Nous retrouvons le cas où un fils, Antoine, succède à son père Jean André ASTRI. Le système aboutit à une véritable monopolisation de l’activité des moulins, soulignant son rôle symbolique d’instrument de pouvoir, mais aussi économique comme l’implique la ‘monopolisation familiale’ de cette enchère. La comparaison vaut également pour les périodes troublées, où l’adjudication n’obtient pas de candidats. Affirmation que l’on peut rapprocher des difficultés rencontrées par la communauté pour attribuer la fabrique locale de tuiles, qui ne trouve pas de preneur pendant plusieurs années, à la fin de ce même siècle [32].

 

Le terroir céréalier du village produit, au milieu du XVIIIème siècle [33] 300 stare de blé froment, 3 000 de seigle, 80 d’orge, auxquelles il faut ajouter 300 stare de châtaignes [34]. Au total, environ 13,5 tonnes de blé et 1,2 de châtaigne. La population locale atteint alors 1 200 individus. Le rapport de l’Intendance du Comté indique également qu’une part de la population est obligée d’émigrer une partie de l’année pour obtenir le complément alimentaire et numéraire qu’elle ne peut trouver sur place. Ce qui tendrait à prouver l’insuffisance des productions locales. Ce départ d’une partie de la population concerne les plus jeunes adultes, capables de louer à l’extérieur leurs bras, « pour les travaux des champs ou ceux de la forêt... » nous précise le même rapport. Ce sont autant de forces vives qu’il ne faut pas nourrir pendant l’hiver, temps où les travaux des champs sont insignifiants. 

 

Ce même rapport nous présente l’organisation de la bealiera, le canal d’exploitation des deux moulins (les deux systèmes de meules). Ce droit de prélever l’eau du torrent du Borreone, d’essence régalienne, a été accordé par lettres patentes ducales, datées du 30 octobre 1684. Nous ne possédons pas de document antérieur, mais il est évident qu’il s’agit là d’une confirmation, ou d’une officialisation d’un état de fait bien plus ancien, puisque nous appréhendons déjà l’existence du moulin au XVème siècle. Il n’est alors pas concevable que ce prélèvement puisse échapper au pouvoir de ban fiscal. L’enquête nous présente un canal dont le débit est jugé bien insuffisant lors de la période estivale : « che nell’estate è appena suficiense per uno » [35].

Le canal d’amené doit être régulièrement entretenu, suite aux nombreux débordements du torrent du Borreone. Ainsi est-il réparé, en 1865 [36] par le tailleur de pierres GREGORINI, qui obtient 622 livres pour ces travaux, somme importante, résultant d’enchères, qui représente la moitié du prix d’une meule à la même époque. Le canal se termine par un bassin de réserve d’eau, sans que nous puissions préciser l’époque de son installation [37], suffisant pour faire tourner un temps le moulin, mais qui doit être rempli plusieurs fois dans la journée, obligeant à interrompre régulièrement la mouture. Cette structure est située au niveau de l’étage d’habitation du moulin. Une canalisation en bois (il canale in legno, detto la seitiera) [38] permet de projeter l’eau directement sur le rodet, en augmentant la pression par le jeu de la pente et du diamètre de la canalisation, se rétrécissant à l’arrivée [39].

 

La bealiera « des moulins » prenait sa source dans le vallon du Boréon, au nord du quartier regroupant l’ensemble pré-industriel de Saint-Martin [40]. La prise d’eau apparaît très rarement dans nos archives, singularité qui est à rapprocher de sa nature : « instabile, formata altraverso l’alveo del Torrente con pietre e terra [41] », le tout sur une hauteur de 50 cm, afin de permettre « l’introduction du cours du canal ». Après chaque orage important, et après chaque crue, des travaux légers devaient être entrepris, afin de reconstituer son captage en pierres et en terre.

 

A partir de 1830, le moulin subit d’importantes transformations, démontrant l’existence du renouveau économique qui agite le pays. Ce siècle nous offre une vision de l’édifice jusqu’alors inégalée, par l’état des sources conservées. Nous retrouvons l’ensemble composé des deux meules. Entre 1832 et le début des années 1840, elles connaissent une rénovation totale. Le devis présenté [42] prévoit de refaire l’ensemble de la structure d’exploitation, en commençant par les voûtes soutenant les meules et abritant la roue horizontale d’entraînement (le rodet), accueillant les canalisations venant de la réserve. La reconstruction est prévue en pierre de taille. Le bâtiment est mis hors-eau lors de la réfection de la toiture, avec une nouvelle couverture en tuile « canal », s’appuyant sur une nouvelle charpente. Une petite ouverture, un fenestron, est pratiquée pour la lumière (apertura di un piccolo finestrino di luce). Notre moulin se pare de sa structure moderne. A la fin de l’année 1839, la communauté fait vérifier l’avancée des travaux par un expert qu’elle nomme à cet effet [43]. Celui-ci constate que le premier moulin possède déjà sa voûte en pierres de taille, que le girente ou rodet y est placé et que le moulin e trovato in stato di fare farine, et prêt à fonctionner. La seiteira en bois est placée. « Le tout estimé à la moitié des travaux ». Sans doute le second moulin est-il seulement en chantier.

 

Après 1850, des travaux s’avérèrent de nouveau indispensables, faisant suite aux évolutions des pratiques culturales du pays. Les édiles locaux sont obligés d’y faire face. La communauté procède à un nouvel appel d’offre, afin de construire un troisième moulin « à farine », dans le bâtiment existant nella regione Pradagon. Cette dépense est alors nécessaire « per macinare … il gran Turco (le maïs), affinche questo publica in ogni circonstanza possa macinare i suoi grani di ogni qualità … », les moulins étant réservés « il primo resterebbe ad uso del grano frumento, il secondo della segale ed il terzo per il grano Turco ». Depuis « l’abolition des banalités », certains propriétaires ont fait construire moulins et fours sur leurs propriétés, au détriment des finances communales. Ce sont ceux que nous retrouvons encore aujourd’hui à l’intérieur du village [44]. D’autre part, l’introduction et le développement de la culture du maïs, très tardive dans notre vallée, nécessitaient la création de cette nouvelle structure. Il revient, comme de convenance, à la Commune d’y pourvoir, pour le bien public. Ces mentions sont d’importance. Il est en effet très rare de pouvoir « dater » une tradition culinaire, ici, celle de la polenta, qui se rattache à cette époque tardive.

 

Pour palier au manque d’équipement, un terrain libre fut choisi à proximité immédiate du bâtiment du moulin existant, sur une propriété communale. Cette situation rendait les travaux de détournement de l’eau nécessaire moins onéreux. L’extension prévue, vers l’Est où se trouvait le nouveau cimetière, ne gênait en rien les différentes activités intéressant ce quartier, dédié aux jardins et aux prés.

La communauté délibèrerait alors la somme de 2 135 livres [45], « à condition que les travaux n’excèdent pas 4 mois », selon l’estimation de l’agrimentore géomètre Antoine Baptiste INGIGLIARDI. L’adjudication du 22 mars 1852 est remportée par Joseph GUIGO, de Venanson, pour une somme de 1 950 livres [46], en s’obligeant à remplacer les pâles manquantes du rodet. La nouvelle ruota devra être de même longueur et épaisseur que les deux autres, avec des traverses horizontales en bois de castagno e larice. Les travaux arrivèrent à terme en juin 1855 [47]. Une adjudication supplémentaire eut pour motif de restaurer la prise d’eau sur le Borreone, condition nécessaire à la montée en puissance indispensable des trois moulins. La dépense s’éleva à 23 livres [48].

 

Pour compléter la modernisation des moulins, deux nouvelles macino sont achetées par commission du géomètre (misuratore) Ipolito TESTORIS, aux arrières de La Ferté sous Fornare, en France [49], pour un montant de 1 026,58 livres. Modernisation qui s’exprime par l’emploie de meules dites « à carreaux », composées de pierres de meulières [50], pour les pièces dormantes comme mouvantes. Le centre de la meule est taillée de façon à recevoir des pièces aux extrémités arrondies formant l’ensemble, mais également pour s’appuyer sur la potence d’équilibre à l’intérieur des pierres, correspondant à l’espace de pénétration du grain dans le système de broyage. Cette particularité explique le cerclage de fer nécessaire pour maintenir la structure. La manutention s’en trouve ainsi simplifiée, permettant de réduire les frais inhérents, mais aussi de changer une pièce plutôt que l’ensemble de la meule. En 1864, nous retrouvons des preuves d’utilisation des meules à carreaux. Pierre ROLANT réclame à la municipalité le paiement du transport qu’il a effectué « des meules de moulin divisées en plusieurs morceaux, de Nice en cette commune (de Saint-Martin) ». La dépense s’élevait à 200 francs [51].

 

Après l’annexion française, de nouveaux travaux d’entretien sont nécessaires. En 1861, « les moulins menacent ruine » [52], obligeant la municipalité à voter un crédit de réparation. Rappelons la succession ininterrompue de travaux d’entretiens portant sur le XIXème siècle, que nous avons révélé dans cette recherche, démontrant l’étendue de la charge que ces structures représentaient pour les communes. Les réparations ne sont pas arrivées à leur terme à la fin de l’année suivante, quand l’adjudicataire des moulins, Jean ROBIN, élève une protestation, réclamant « une indemnité pour les dommages causés par la non-réparation » [53], obligeant ainsi à fermer le moulin. L’adjudication des travaux avait été prononcée en faveur de Charles ORENGE, maître-maçon, le 22 avril, et avaient débuté le 1er juin. Le préjudice est tel que la Municipalité doit se substituer au requérant pour faire terminer les travaux au plus vite, afin de ne pas trop pénaliser les particuliers du lieu, ayant en cette époque, un besoin impérieux de moudre leurs grains.

Une nouvelle tranche de travaux d’importance débuta en 1901, après le constat de la vétusté de l’édifice, incriminée, comme il se doit, à la négligence de la municipalité précédente. Procès d’intention, puisque d’importants frais avaient été engagés : l’entrepreneur BASSI [54] réclamait, fin 1900, le règlement de ses frais de réparations et de fournitures aux moulins, effectués en février 1899, qui s’élevaient à 2 041,60 francs.

 

En 1901, le moulin recevait son apparence définitive. Une expertise devait démontrer l’urgence de nouveaux travaux. La toiture était désassemblée en plusieurs endroits, mettait « en danger les appareils … le meunier et les usagers [55]». La municipalité allait profiter de ces travaux pour surélever le bâtiment des moulins, afin de permettre le logement des meuniers sur place [56]. Le montant de la dépense était estimé à 3 375 francs, outre 150 francs débloqués pour l’achat des gazes de bluteries qu’il fallait renouveler.

 

Au début du XXème siècle, les moulins de Saint-Martin fonctionnent toujours selon le mode ancien, répondant aux besoins des agriculteurs et des familles locales. Les derniers meuniers eurent à mener l’ultime mutation de l’activité, qui mit finalement un terme à l’utilisation des moulins. En 1902, la famille VIAL occupait l’étage de logement que venait de faire construire la municipalité. Mais le décès de leur fille, en 1918, leur rendit rapidement intolérable la vue du cimetière, à proximité immédiate des moulins [57]. Ils cédèrent leur place cette même année à Alexandre BARBERIS et Louis LAUGERI. En 1925, ce fut Valentin BERNART qui se chargea de cette tache, jusqu’en 1946 où il la céda à Michel RAIBAUT. Le dernier meunier de Saint-Martin, Louis GIOVINE, débuta sa charge en septembre 1951, pour quelques mois seulement. Un ultime document nous dépeint l’état du moulin vraisemblablement peu avant 1955 [58]. L’arrêté préfectoral du 19 juillet 1921 [59] autorisait la commune à collecter dans le vallon du Boréon l’eau nécessaire, estimée à 575 l/s (pour un débit maximum estimé à 800 l/s) « pour la mise en jeu de deux moulins à farine communaux, huit autres petites usines, dont un moulin à farine, cinq martinets et deux scieries, enfin une usine productrice d’énergie électrique... ». Les mesures des barrages, prise, canal d’amenée, bassin, conduite forcée, canal de fuite, sont précisées. Il est précisé que « le bassin est équipé d’une vanne de décharge et de trois vannes ouvrant sur trois pertuis ... [sur lesquels sont] placées une goulotte en bois (0,40 x 0,40 m) desservant le ... rouet métallique à aubes périphériques ... d’un diamètre de 1,45 m ... pour une meule horizontale de pierre de 1,37 m de diamètre ». Le bâtiment « est une construction en pierres de 15 m x 9 m avec des murs extérieurs de 0,65 m d’épaisseur ... dont la vétusté est de l’ordre de 60 % ». Ce qui ne laisse rien présager de bon quant à son avenir. Suit l’estimation de l’activité du moulin à cette période. Le meunier témoigne : « la marche du moulin peut être estimée à deux jours par semaine pendant quatre mois, un jour par semaine pendant cinq mois, ce qui représente, à raison de 10 heures par jour, une marche annuelle de 530 heures ». Suivent les estimations des quantités de céréales écrasées : pour l’année 1953, 25 quintaux de blé « ce qui parait très faible et bien en dessous de la réalité ». L’enquête menée sur place tente d’estimer la quantité de céréales écrasées en année moyenne. Elle s’élève à 250 quintaux de blé (froment), 50 de seigle et 30 de maïs. « La durée d’écrasement d’un quintal de céréales [s’élève] à une heure un quart ». L’étude imagine pouvoir restituer une puissance électrique nécessaire au fonctionnement de « deux moulins électriques... dont l’un disposerait d’une bluterie » qu’il est proposé d’acquérir. La dépense pourrait s’élever à 700 000 francs, et devrait permettre une restitution de puissance électrique équivalente à 2 000 Kw annuels. De tels détails donnent une idée précise de l’activité déclinante des moulins à Saint-Martin, au milieu des années 1950. Ils laissent imaginer ce qu’a pu être son rôle avant la guerre de 1914, période des « hautes eaux » démographiques et productives.

 

Les moulins de Saint-Martin s’arrêtèrent pourtant à la fin des années 1950, quand le grain produit sur le territoire du village se révéla insuffisant pour rendre rentable son broyage. Le déclin de la population et de l’activité rurale à Saint-Martin sonnèrent le glas des moulins. Après une simple tentative d’électrification, qui dura moins d’une année, ils disparurent définitivement du paysage industriel du village. Aujourd’hui, seul celui de Roquebillière, qui fut électrifié tardivement, fonctionne encore régulièrement sous la direction de M. GIRIBALDI. Les temps contemporains rendaient plus simple l’achat de farine chez le revendeur. En 1981, quand le groupe de passionné dirigé par Mme Françoise MOUTON décida de réhabiliter le moulin, celui-ci se trouvait dans une situation de délabrement avancé. A force de passions et de travaux, il fut transformé en Musée des Traditions Vésubiennes, ce qu’il est encore de nos jours. Il offre au public l’image de ce qu’il fut jusqu’à la fin de son exploitation.

 

 

ANNEXE 1

 

Année

Moulins

1689

Gion Andra BALDONI

1690

Gio Andrea CAGNOLI

 

 

1698

GHIBERTO M° Andrea de Gio Onorato

1699

ASTRI Gio Andrea Duranon

1700

CAGNOLI Sig. Gio Andrea

 

 

1703

Personne + François MATTEUDO fù Jean Cardenal

 

 

1727

Cap° RAIBERTI Gio Onorato

1728

DOBIS Gio Paolo

1729

MATHEUDO Pietro

 

 

1731

MATHEUDO Pietro

 

 

1736

M° RICHERI Giuseppe

1737

Chirurgo  FABRY Gio Ludovico

 

 

1740

ASTRI Francesco

1741

ASTRI Francesco

 

 

1744

ASTRI Antonio

 

 

1749

ASTRI Antonio

1750

MATEUDI Pietro

1751

BROCARDI Andrea

1752

ASTRIA Paolo

1753

INGIGLIARDI Francesco

1754

Agrim° CAGNOLI Pietro Andrea

1755

MATTEUDI Onorato

1756

ASTRI Antonio

1757

Nob. MATTEUDI Pietro Antonio

1758

Nob. CAGNOLI Sebastiano

1759

Nob. CAGNOLI Sebastiano

1760

Nob. ASTRIA Francesco

1761

Agrim° CAGNOLI Pietro Andrea

1762

Not° CAGNOLI Sebastiano

1763

ASTRI Antonio

1764

Not° ASTRIA Francesco

1765

AYRAUDO Gio Pietro

1766

ASTRIA Paulo

1767

ASTRIA Paulo

1768

Agrim° CAGNOLI Pietro Andrea

1769

Agrim° CAGNOLI Pietro Andrea

1770

Agrim° CAGNOLI Pietro Andrea

1771

TESTOR Pietro Andrea

1772

TESTOR Pietro Andrea

1773

ASTRI Antonio

1774

ASTRI Antonio

1775

GIUDICE Mauricio

1776

CAGNOLI Gioanni

1777

CORNIGLION Onorato fù Bartolomeo

1778

GIUDICE Maurizio de Gio Ludovico

1779

ASTRI Antonio fù Gio Andrea

1780

ASTRI Antonio fù Gio Andrea

1781

TESTOR Pietro Andrea fù Andrea

1782

MAISSA Gio Ludovico fù Giuseppe

1783

GUIGO Giuseppe

1784

GUIGO Giuseppe de Michel

1785

TESTOR Pietro Andrea

1786

ASTRI Antonio Battista

1787

GUIGO Giuseppe

1788

TESTOR Pietro Andrea

 

 

1792

TESTOR Pietro Andrea

 

 

ANNEXE 2

SED3 CC14/15

1728 - Livre du syndicat des syndics

Sig. Jean Baptiste MAISSA et Jean Baptiste AYRAUD

 

2 février

pour la visite de la riccetta du paratore faite par M° Jean Louis MAGL

20 s

17 février

au syndic AIRAUDO pour la journée vaquée à la conduite avec boeufs du prédit biglione al molino e far quadrar il medemo

1 £

 

pour sa journée vaquée par M° Jean Ludovici MAGL pour quadrar il sudetto biglione

1 £

7 avril

à M. Jean Charles BALDONI pour avoir réalisé une pale neuve au second moulin et accomodato altre, qual serano levate di porto

25 s

14 avril

pour la fattura d’une meule o sij pietra virente du premier moulin, et conduite de la même, come per parcella

136 £ 5 s

30 avril

à M° BALDONE pour une journée vaquée à accomoder les pales du second moulin et en faire une neuve

2 £ 5 s

 

au Sig Avocat VEGLIO per un tal pone melice et une levanta presi pour servir du susdit moulin, et deux autres tavolieri presi da M° Bartolomeo AIRAUD

18 s 2 d

 

au même AIRAUD per ricopar il sepone del Macelo

5 s

9 mai

à M° Jean Charles BALDONE pour faire un torno au présent moulin

2 £

 

à François MATTEUDO pour le bois dudit torno

25 s

8 juin

à M° Andrea TESTOR pour avoir arragné la caldaia della Serieigia, e le Chiavi della Scuola, e Paratore, compris la £ de rame per detta Caldaia

2 £

3 septembre

à M° Nicolao BERGONDO pour avoir arrangé 7 pales du second moulin

20 s

 

puis au Sig. Avocat VEGLIO per una caranta melice per far le broche di d° pale

3 s

22 octobre

à Jean Charles BALDONI pour avoir rifermato le pale du second moulin

10 s

 

puis à l’Avocat VEGLIO pour une caranta melice pour faire la broche de la d° pale

3 s

 

puis pour une chiave bosco melice mise au dit moulin

3 s

30 octobre

au Syndic AIRAUDO pour avoir conduit deux biglioni pour le service des susdits moulins,

1 £ 10 s

 

et à l’avocat VEGLIO pour le prix des biglioni tassati en 9 tavolieri

17 s

 

puis à M° Gaspar MARTIN pour avoir serrato les dits biglioni

7 s

7 novembre

à M° Nicolo BERGONDO pour avoir arrangé une gorgia des moulins

8 s

 

et pour les clous et planches nécessaires à cette réparation

8 s

17 novembre

au meunier ROBINO pour avoir rifermato le pale del mollino et suplito il bosco

13 s

24 novembre

à Jean Charles BALDONI, au Syndic AIRAUDO et au meunier ROBINO pour une journée chacun à vaquer nel metterl inciastri del primo molino, e per un biglione melice, ivi messo, e suplito dal medemo sindaco

2 £ 10 s

29 novembre

à Jean Charles BALDONI et au Syndic AIRAUDO pour leur journée vaquée pour arranger l’areschio del molino et autres choses nécessaires, compris 30 clous et 1 caranta supliti

2 £

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[1] - GILI E. «La Communauté et ses moulins. Histoire de la meunerie à Saint-Martin-Lantosque du Moyen Age au XXème siècle»,  pp. 115-130

[2]  - Quartier du Cros, propriété FERRIER, conservés au C.E.V. section Archéologie

[3]  - Témoignage de Mme Joséphine FERRIER, novembre 1999

[4] - Une simple commodité de langage pour désigner la période débutant après l’An Mil, jusqu’aux prémices de l’affirmation étatique

[5] - POLY J.-P. La Provence et la société féodale (879 - 1166).... Op. Cit. Cf. notes de lectures in Pays Vésubien n° 1, juillet 2000

[6] - On admet généralement que ces coutumes remontent au-delà de la deuxième, voir de la troisième génération avant le témoins, sans qu’il soit possible de lui donner une antériorité supplémentaire avec assurance...

[7] - RAIBERTI L. Saint-Martin et la Madone de Fenestres, Rééd. Serre, 1983, les rappelle, même si les archives communales de Saint-Martin ne les ont pas conservés. Nous pouvons les retrouver dans d’autres archives communales : A.D.A.-M. Série E dépôt 2 (Archives Communales de Roquebillière) AA. 2

[8] - Ouvrage collectif Histoire du Comté de Nice,

[9] - Les statuts du Comté de Vintimille et du Val de Lantosque, archives communales de Roquebillière, Op. Cit.

[10] - CAIS de PIERLAS E. Cartulaire de l’Ancienne Cathédrale de Nice, Turin, 1888, charte n° 9, ou A.D.A.-M., 2G 70, pièce 2.

[11] - Il s’agit de la rive droite du vallon du Boréon, au sud du mont Archas, sur le territoire de Saint-Martin Vésubie. Cet espace réunit les quartiers du Vernet (anciennement appelé la Condamine), de Saint-Nicolas, s’étendant sans doute jusqu’au Villar, en passant par le Ciastel

[12] - Cette thèse est remise en cause dans E. GILI « Perspectives de localisations et de recherches archéologiques dans la Vésubie» (à paraître). Il paraît étonnant qu’en l’espace d’une ou deux générations, l’autorité seigneuriale qui aurait su regrouper la population d’un certain nombre d’écarts en un seul lieu, ait perdu toute autorité au point de céder l’essentiel de ses droits et de voir l’émergeance d’une véritable législation « républicaine » (selon l’acceptation médiévale du terme) capable d’acquérir progressivement, à l’échelle du siècle, le pouvoir de ban.

[13]  - J.-P. POLY Op. Cit.

[14]  - Article 24 des Statuts, citré par L. RAIBERTI dans Saint-Martin et la Madone de Fenestre, éd. Serre, 1983

[15]  - A.D.A.-M., Série E dépôt 3, AA 1, pièce 2

[16]  - BOYER J.-P. & VENTURINI A. « La guerre de l’Union d’Aix », in Actes du Colloque de Nice, C.E.M., 1990 « 1388 – Les déditions de Nice à la Savoie ».

[17]  - J.-P. BOYER Une communauté montagnarde au Moyen Age. La Vésubie (XIII-XIVème siècles), C.E.M., Nice, 1990

[18]  - A.D.A.-M., Série E dépôt 3, AA 1, pièce 11

[19]  - A.D.A.-M., Série E dépôt 3, AA 1, pièce 17

[20]  - A.D.A.-M., Série E dépôt 3, CC 1

[21]  - A.D.A.-M., Série E dépôt 3, BB10,  f° 19

[22]  - A.D.A.-M., Série E dépôt 3, BB1, 15 juin 1547

[23]  - Pour le détail, pièce justificatif n° 2

[24]  - A.D.A.-M., Série E dépôt 3, BB1, 20 mars 1547

[25]  - Cf. annexe 1 : Liste des adjudicataires de la ferme communale des moulins

[26] - A.D.A.-M., Série E dépôt 3, BB1, pièce 4, 3 janvier 1610 : « la communauté s’oblige à une ‘meule bonne’ pour moudre, comme rôle du moulin »

[27]  - A.D.A.-M., Série E dépôt 3, BB2, 2 février 1699

[28]  - A.D.A.-M., Série E dépôt 3, BB13, 16 octobre 1786

[29] - A.D.A.-M., Série E dépôt 3, BB2, ordonnances des 2 février 1699, 2 février 1700 et 3 février 1701

[30] - La conjoncture géopolitique peut parfois être encore plus dramatique pour la micro-économie de nos régions. Ainsi, en 1640, quand « les questions de guerre ont empêché les semailles » (A.D.A.-M., Série E dépôt 3, BB1), laissant présager, en plus des incidences directes sur la population, des risques vivriers qui engageaient l’avenir. L’activité des moulins s’en trouvaient directement réduite.

[31]  - A.D.A.-M., Série E dépôt 3, BB 1

[32] - A.D.A.-M., Ibidem

[33] - A.D.A.-M., Série E dépôt 3, BB 1, information tirée d’une ordonnance préparatoire de l’enquête de l’Intendance Générale, sous la direction de l’Intendant Joannini (1755)

[34] - Le sétier contient environ 40 litres de grain

[35] - A.D.A.-M., Enquête Joannini

[36]  - Archives municipales de Saint-Martin Vésubie, registre des délibérations municipales, 17 octobre 1865

[37] - Quelques indices, telle que la disposition des moulins en amont du Musée actuel, semblent démonter qu’il ne peut être antérieur au XIXème siècle, puisqu’il n’apparaît pas sur le seul plan connu de cette époque, A.D.A.-M. Série 3O 2. Il existe en tout état de cause au début du XXème siècle, comme le montre la carte postale la plus ancienne que nous possédons du lieu.

[38]  - A.D.A.-M., Série E dépôt 3, sous-série 1M 1

[39] - Le plan, dressé lors de la restauration de l’édifice, conservé aux archives communales de Saint-Martin Vésubie, nous montre le profil du canal de tombée d’eau dirigé sur le rodet, qui a été modifié. Seul son départ de la réserve rappelle l’angle de plongée originel. Un escalier intérieur (dans le fond) a été rajouté, remplaçant le second blutoir aujourd’hui disparut

[40] - Cf. Cahier Central, A.D.A.-M. Série 3O 2. Nous distinguons sur ce plan le parcours du canal d’exploitation des moulins, ainsi que l’emplacement des différents bâtiments, formant la première « zone industrielle » de Saint-Martin : un premier moulin (A), nettement postérieur à celui qui nous intéresse ici, très récemment implanté ; l’ensemble des trois martinets de forge (B) ; puis le réservoir et les deux canaux en bois menant l’eau directement sur les rodets des moulins (ce qui nous replace avant la construction de la troisième meule, avant 1852) ; les moulins (C) ; et enfin la scierie (D), qui utilise en dernier recours l’eau qui a déjà servi aux précédents équipements, avant qu’elle ne retourne à la rivière. Le petit bâtiment au débouché du chemin des moulins vers le village est l’ancienne chapelle Sainte-Anne.

[41]  - A.D.A.-M., Série E dépôt 3, 30 2

[42]  - A.D.A.-M., Série E dépôt 3, sous-série 1M 1

[43] - A.D.A.-M., Série E dépôt 3, sous-série 1M 1 : le 26 décembre 1839. Il s’agit de Joseph GIUGE de feu Pascal

[44] - Dans la rue du Four, « Le Vieux Four », mais aussi au sortir de la rue du Plan. Ou encore sur le cours de la bealiera, au-dessus du moulin actuel.

[45] - A.D.A.-M., Série E dépôt 3, sous-série 1M 2, pièce 1 : le 18 février 1852 ; pièce 3 : le 13 mars 1852 ; pièce 4 : le 15 mars (relation de publication)

[46]  - Ibidem, pièce 2. La pièce 5 donne le « calcul des dépenses à faire pour le nouveau moulin à farine »

[47] - A.D.A.-M., Série E dépôt 3, sous-série 1M 2 : Le 19 juin 1855

[48] - A.D.A.-M., Série E dépôt 3, 1D 26 : Le 11 novembre 1855

[49] - A.D.A.-M., Série E dépôt 3, 1D 26 : Le 7 juin 1856. Cette provenance est confirmée par le sceau incrusté dans la première meule du Musée, rappelant cette origine. Il fut re-découvert bien après le document précédent, ce qui est une excellente confirmation de la recheche archivistique.

[50] - Constatations faites en présence de MM. H. GEIST, qui nous a décrit cette structure, et D. MERCADIER, Trésorier de l’A.MON.T. et ébéniste charpentier de son état. La meulière est une roche composite, où l’on retrouve de nombreux silex, ce qui rend son usage délicat en présence des poussières de farine, inflammables. Danger renforcé par la bluterie mise en place au Musée à une date qui nous est inconnue.

[51] - Archives municipales de Saint-Martin Vésubie, registre des délibérations municipales, le 23 novembre 1864

[52] - Ibidem, le 10 novembre 1861

[53] - Ibidem, le 17 août 1862

[54] - Ibidem, le 17 octobre 1900

[55] - Ibidem, le 7 novembre 1901

[56] - Le premier document iconographique proposé (Op. Cit.) est antérieur à cette époque. On y distingue nettement les moulins, dont le toit se trouve à hauteur de la réserve d’eau, au nord. Aujourd’hui, le dernier étage du Musée des Traditions est nettement plus haut que le bassin.

[57] - Témoignage Mme MOUTON, fond C.E.V.

[58] - Peut être seulement 1954. La référence de ce document nous est inconnu. Il décrit les installations hydrauliques de Saint-Martin-Vésubie à la suite du litige consécutif à la cession de l’ancienne usine électrique de la Régie communale à E.D.F., concernant la restitution d’énergie électrique que la compagnie nationale devait à la commune, fonds C.E.V. – D. 39

[59] - Fonds C.E.V., collection Belvédère (J. CATANIA)


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Roquebillière


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